Les travaux du sociologue Baptiste Coulmont ont démontré que le prénom reçu à la naissance, qui est un miroir de la condition socio-culturelle, est corrélé aux pourcentages de résultat du bac. Ainsi 22% des "Joséphine" obtiennent la mention "très bien" contre seulement 3% des "Dylan" ou des "Brandon".
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À côté de mon taf il y a une famille de gens d’un milieu social défavorisé, ils sont au chomage et ont 10 gosses : Kevin en tête puis Heather, kimberley, Dylan, etc etc. Et eux, représentent bien le cliché du prenom kevin.
À côté de ca, j’ai un collègue qui s’appelle Brendan et qui est trés cultivé, tout à fait comme un jean jacques ou une Emilie.
Comme on dit c’est l’exception qui confirme la règle.
Et c'est vrai que même jusqu'à argenteuil, Asnières, clichy la garenne, on est encore dans le 92.
Je voyais le 93 descendre un peu plus.
Mais effectivement, sur le fond, on s'est compris.
Alors, certes, tu pourras répéter que le prénom est lui-même une conséquence du milieu socio-culturel, est pas un principe premier de la réussite: "le prénom n'est pas magique" dit lui-même Coulmont. Moi, je dirai plutôt qu'il est lui-même ce milieu
Car comment on définit-on un milieu socio-culturel ?
Par le travail exercé ? Non, pas suffisant, on peut avoir un emploi prestigieux et manquer cruellement de culture.
Par la richesse ? Non, pas suffisant, on peut très bien gagner sa vie et être con comme une poignée de porte.
Par le lieu d'habitation ? Pareil, pas suffisant, on peut habiter dans un trou perdu dans une campagne reculée et être un élève brillant.
Or, le prénom prend en compte tous ces aspects là, en même temps, il les ramasse et les réunit en un seul mot, d'où l'intérêt de la sociologie des prénoms.
Le prénom C'EST (j'ai vu que tu aimais les majuscules) le milieu socio-culturel. Prénom et capital culturel ne font qu'un, ils sont consubstantiels !
Non, ce n'est pas le prénom qui détermine la classe sociale qui va déterminer la réussite au BAC ; il y a autre chose, mais je ne sais pas quoi :)
Vous dites que lorsqu'on agit sur la variable "prénom" , on modifie la variable "résultat au bac" et donc le prénom aurait une influence sur les résultats au bac. Je comprend votre raisonnement, mais il est faux car vous êtes tombé dans le panneau dont tout le monde parle ici: vous avez confondu causalité et corrélation.
La simple modification de la variable "résultats" lorsque l'on modifie la variable "prénom" est le signe d'une corrélation entre ces deux variables, rien de plus.
Oui, le milieu socioculturel est défini par le métier, par le lieu de vie, par les revenus, etc. Mais peu importe, ce qui est important ici c'est que le milieu socioculturel est antérieur au choix du prénom (puisque c'est l'enfant qui passe le bac et les parents qui ont construit le milieu socioculturel), et le prénom tout comme le résultat au bac est le fruit de ce milieu.
Ainsi, contrairement à ce que vous dites le prénom n'est pas le milieu socio-culturel. Il en est cependant un indicateur assez fiable (un "reflet", selon l'anecdote) .
Mais ce n'est pas pour ça que le prénom agit sur les résultats au bac. Est-ce qu'un enfant qui changerait de prénom un mois avant le bac verrait ses chance de réussite augmenter ou diminuer ? Est-ce que si toutes les familles défavorisées se mettaient à appeler leurs enfants Garance ou Augustin, on verrait les résultats au bac s'améliorer dans les milieux défavorisés? Non, c'est aussi simple que ça.
Ainsi, même si le prénom est fortement lié au milieu socioculturel et qu'il en est un bon indicateur, il n'a pas en lui même d'incidence sur les résultats au bac.
Bref, votre argumentaire est erroné car il est basé sur la confusion entre causalité et corrélation. Or c'est justement l'erreur que tout le monde mentionne ici (Les trois "top commentaires" sont à ce sujet !).
Il y a bien une erreur de formulation de l'anecdote, ce n'est pas bien grave et je ne comprend pas pourquoi vous et Philippe êtes d'aussi mauvaise foi.
Merci Artemus ! C'est chouette de finir ce fil sur une voix qui conforte mon raisonnement - j'adore le mettre en question mais je confesse me delecter quelque peu d'un je ne sais quoi de fatuité - le formulant ainsi c'est ici l'épiphanie ! De mon logis pyrénéen le vieux bachelier que je suis vous offre magnanimement une véritable variable scientifique : le nombre de mots de vocabulaire maîtrisés par les candidats ! Amis de la corrélation et défenseurs de la causalité, bonsoir ;)
Et l'on parle bien dans cette étude de prénoms donnés à la naissance sans arrière pensées. Parler de changement de prénoms avant le bac est idiot, ou intellectuellement malhonnête.
Et ton exemple du "Garance" issu d'un milieu populaire est la parfaite illustration de ce que je disais. Le prénom est le reflet du milieu socioculturel, il est ce milieu lui-même. Et il y a de fortes chances que cette famille défavorisée ayant fait ce choix de prenom possède un capital culturel élevé. Donc oui, le prénom c'est le milieu. C'est son expression, sa voix, et pas sa conséquence seconde.
Bref, je pense en effet qu'on est en présence d'une anecdote relativement louche, elle a put être déformée des propos de la publication originale (même dans la source "le monde") afin d'être un peu plus attirante aux yeux du public, parce que les prénoms ça parle... (suffit de traîner 5min sur facebook pour s'en rendre compte). Et je pense en effet comme toi qu'il y a un effet caché, un biais, derrière ces résultats, c'est pas tant un problème de corrélation puisque (il me semble) ce n'est pas la mesure utilisée ici, mais ça reste probablement un soucis de causalité. La cause est difficile à identifier (sous l'hypothèse que le reste de l'étude est correcte et si les données le sont aussi) je pense qu'elles peuvent être multiples, comme c'est souvent le cas en socio.
J'essayerai de trouver la publication originale pour plus de détail, parce que je fais pas trop confiance à "le monde" qui essaye de parler de science.
Bah figure toi que personne ne dit qu'il ne peut !
on t'explique juste que statisquement il y aura moins de Mohammed qui réussiront.
l'examen que de Jean Christophe.
3% de Mohamed avec mention TB c'est très faible, même si ramener à un individu ça ne veut absolument pas dire que Mohamed untel en particulier n' à pas toute ses chances.
Et '' figure toi ''
Qu'il y des chiffres précis
entre 2012 et 2018 parmis les bac obtenu :
Mohamed:
22 % ont eu mention AB, 7 % ont obtenu la mention B, et 3 % la mention TB
Jean-christophe:
25 % ont eu mention AB, 15 % ont obtenu la mention B, et 11 % la mention TB.
Et cela tiens pour Mohamed comme pour Dylan...
Rien de nouveau en fait... le bac sert à bloquer les classes sociales inférieures. Mais ça on le savait déjà.
C’est le même problème avec certains sujets où l’on peut voir par exemple : « la couleur de peau a une incidence sur le taux de délinquance ». Si l’on regarde les chiffres, effectivement les crimes commis par les noirs sont plus nombreux en proportion. Sauf que bien entendu, la couleur de peau noire n’incite pas plus à la violence que les autres couleurs. C’est la pauvreté, le milieu social, la faible réussite scolaire d’une certaine partie de la population qui amène à ces chiffres et qui amène à ces conclusions erronées.
Par contre, il aurait été intéressant de savoir si le prénom, reflet du milieu ou le milieu comme tu dis, peut véritablement être discriminant dans le milieu scolaire. Il faut donc isoler la variable complètement. Pour un même sujet non anonyme, pour des niveaux scolaires semblables peu importe le milieu social, est-ce que Dylan est mieux ou moins bien noté que Garance sur un panel de professeurs ? Et ici, rentre en jeu la variable prénom et l’ensemble des préjugés que peut avoir la société sur ce prénom. Est-ce que majoritairement, les profs sont plus exigeants avec un Dylan ou avec une Garance ? Difficile à dire.
On pourrait conclure à tort que boire du café augmente l’incidence du cancer du poumon.
Ce qui est faux.
C’est un exemple très connu de biais de confusion.
Si les parents de Kévin décident finalement de l’appeler Jean-Pierre mais que leur conditions de vie ne changent pas, il n’y aura pas de changement sur les résultats du bac car c’est bel et bien le milieu qui a une incidence et non le prénom.
Vous avez raison quand vous parlez de miroir.
Vous avez tort quand vous parlez d’incidence.
Les mots ont une importance et je ne prendrais pas le risque de parier que tout le monde ici a des connaissances semi-avancées en statistiques.
Mais ce n’est pas ce que dit l’anecdote qui en l’état est source de confusion. D’autant plus en cette période de la fake news et du raccourci permanent !