Le massacre des Hereros (1904-1907) est considéré comme le premier génocide du XXe siècle. Ce peuple originaire de l'actuelle Namibie se souleva contre les spoliations des colons allemands. Les répressions qui suivirent firent environ 65 000 morts soit 80% de la population Hereros de l'époque.
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Quant au fait de savoir si c'est un génocide ou pas, les historiens n'arrivent pas à se mettre d'accord là dessus. Ça en est un si on regarde la définition de génocide mais vu que c'est un souvenir noir de la Révolution des Lumières, y'en a qui ont du mal à reconnaitre ça.
PS : si ça t'intéresse il y a un très chouette épisode de L'ombre d'un doute qui parle de ça dans le détail.
Les famines de quelques dizaines de millions résultantes de politiques de réquisitions et collectivisations brutales en URSS et Chine ça se classe aussi dans les génocides? L'idée est de savoir si ces faits sont programmés à dessein ou découlant d'erreurs de jugement et mauvaise organisation.
En revanche, un des premiers génocides, c'est à dire la volonté explicite de massacrer une population en raison de leur ethnie ou leurs convictions politiques ou religieuses, a eu lieu... en France. En effet, un certain nombre de chercheurs pense que le massacre des Vendéens sous les ordres du Comité de Salut Public pendant la Terreur peut être considéré comme un génocide, car les ordres des généraux révolutionnaires signifiaient noir sur blanc la volonté de massacrer hommes, femmes, enfants et vieillards pour la simple raison qu'ils étaient Vendéens.
J'ai consulté quelques sources et il apparait que la France n'est pas dans le top des pays génocidaires. Pour une fois qu'on peut être fier de ne pas être sur un podium...
Petit complément.
Les Allemands à travers leur "empire" colonisent plusieurs territoires sur le sol Africain. Notamment l'actuel Togo, une partie du Cameroun, la Tanzanie, le Burundi et le Rwanda, mais aussi l'actuelle Namibie (Sud Ouest Africain Allemand).
Début d'année 1904 le peuple Herero se révolte contre une répression abusive de l'occupant Allemand. D'abord vainqueur de cette guérilla, les Allemands blessés de perdre face à un peuple "sauvage" décide de réagir et le 11 juin 1904, ils envoient le commandant Lothar Von Trota pour mater la rébellion. Pratiquant dans un premier temps une guerre d'usure, sur le plateau de Waterberg il fait un carnage en encerclant des Hereros, et n'épargnant personne. La seule chance de fuite reste le désert du Kalahari. Von Trota coupera tout accès aux points d'eau et empoisonne certaine sources.
Le 2 octobre 1904 un ordre d'extermination sera promulgué à l'encontre du peuple Héréro, sans distinction de genre, ni d'age.
Dès Janvier 1905 des camps de concentrations sont établis sur le modèle des camps britanniques de la guerre de Boers. Le plus connu de ces camps est celui de Shark Island dans la baie de Lüderitz. C'est un centre de concentration dit total, avec travail forcé et sous alimentation. Les Namas autre tribu autochtone, rejoignent bientôt les Hereros dans les camps. Ils sont de la main d’œuvre gratuite et participent à la construction d'infrastructures coloniales. Compte tenue des conditions sur certains chantiers, il y avait 7 à 8 décès par jour. Les prisonniers préféraient souvent la mort aux conditions des camps.
Le 7 Janvier 1908 (petit désaccord avec l'anecdote) pour son anniversaire le Kaiser décide de gracier les Hereros et Namas.
Pendant ce temps là, Eugen Fischer collecte des ossements et des crânes des prisonniers morts pour les examiner et prouver l'infériorité raciale. Pour parfaire l'atrocité, ces crânes sont préparés par les femmes Hereros ou Namas. Fischer publiera ses ouvrages sur l'hérédité humaine et "l'hygiène de la race". Travaux qui inspireront grandement Adolf Hitler pour l'écriture de son livre Mein Kampf. Fischer sera par la suite le professeur d'un certain Josef Mengele et en 1934 celui ci deviendra son assistant. Mengele (est-il nécessaire de le préciser, membre SS pendant WW II, il participe aux expérimentations sur sujet humain au camp d'Auschwitz-Birkenau)
Le bilan humain (ou inhumain) est tragique, comme le dit l'anecdote 80% de la population Herero périt passant d'approximativement 65 000 à 15 000. Femmes et enfants sont tués sans distinction. Aucune pitié n'est admise. Les Herero autrefois majoritaires dans leur pays ne représentent plus qu'une dizaine de pourcent de l'actuelle Namibie. De leur coté les Namas ont été exterminés à 50%.
Il aura fallu attendre 2004 soit cent ans après le début du génocide pour que l'état Allemand reconnaisse sont implication et 2015 pour qu'ils reconnaissent le génocide.
L'histoire est un éternel recommencement, mais n'oublions pas nos erreurs du passé, apprenons de ces erreurs, et évitons de les commettre à nouveau. Seul l'oubli nous condamne à revivre de telles atrocités.
A la différence de ce que nous admettons comme génocides arrivés pour des raisons d'idéologie : politique, ethnique, religieuse, nationale... Pour exemples le nazisme, l'Arménie, les Balquans, le Ruanda... Dans ces cas là, les populations à massacrer sont ciblées dès le départ, tenues pour responsables de tous les maux ; la haine est initiale et est un "objectif politique", une "solution"... Il y a cette nuance à mon sens. Mais bon, ce n'est que ma définition...
J'ai pas compris ton commentaire.
Il y a quand même dans ton exemple une différence assez importante à mes yeux : ce n'était pas une guerre civile en Namibie, comme en Vendée : les allemands n'étaient pas chez eux, pas dans leur pays. On est là dans un cadre de colonisation violente d'un pays qui veut prendre la place de l'autre, prêt à tout pour arriver à ses faims de conquêtes. Ce n'était pas ça en Vendée : c'était une répression "politique" intérieure. Ca fait quand même à mon sens une grande nuance dans les intentions initiales entre des allemands qui savaient très bien ce qui risquait d'arriver sur place, qui y sont allés pour ça, et des révolutionnaires français dont la Vendée n'était absolument pas dans les esprits en 1789.
Une répression qui se transforme en massacre peut, à mon avis, se transformer en génocide finalement. L'intention des occupants ici peut changer au cours des événements.
C'est le cas également avec la Shoah. L'extermination méthodique n'est apparue que très tard durant la guerre. Peut-on parler de génocide juif si on se place en tant qu'observateur en 1942 par exemple. Il y avait déjà de la répression, de la ségrégation, des assassinats de groupe mais pas "encore" de génocide. L'intention initiale était surement déjà définit dans la tête d'Hitler mais pas dans celle de tous les SS.