Les têtes d'Ife, découvertes par accident en 1938 au Nigeria, ont radicalement changé la perception que se faisaient les occidentaux de l'art africain. Elles sont si réalistes que nombre d'occidentaux, emprunts de préjugés racistes, refusèrent de reconnaitre qu'elles étaient d'origine africaine.
Datés entre le XII et le XVe siècle, ces chefs-d'œuvre de la culture Yoruba furent d'ailleurs l'objet de théories farfelues, certains imaginant que les survivants de l'Atlantide avaient permis aux Yoruba de les réaliser.
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Le "pillage culturel" a malheureusement existé, de tout temps dans toutes les civilisations... et dans tous les sens - un coup je vole, un coup je me fais voler
Mais il n'y a qu'en Europe Occidentale qu'est apparu la culpabilité différents et le reniements des aïeux, en tordant l'Histoire pour déplacer les "responsabilités"
L’art est justement la capacité d’exprimer une réalité par la fiction mieux que par l’imitation.
Je me souviens d’une très belle exposition du surréalisme américain : on regardait de près pour vérifier que ce n’était pas une photographie mais cela exprimait au-delà de la reproduction à l’identique.
À l’opposé, ce serait adhérer au jugement simpliste que Picasso n’est pas un artiste car on n’a jamais vu de sujet qui ressemble à ses tableaux.
C’est vrai pour les arts plastiques mais aussi pour le théâtre, le cinéma, la musique… et, accessoirement, c’est la limite de l’intelligence artificielle qui ne peut créer une œuvre artistique.
C'est pourquoi j'ai dit "un critère, parmi d'autres". Sans compter que la notion d'artiste a énormément changé depuis l'Antiquité. Pour les Grecs et les Latins, l'artiste est celui qui, inspiré par les dieux (inspirations apollinienne et dyonisiaque), rend hommage par son œuvre à la nature, au monde qui l'entoure. Dans ce cas-là, le réalisme est un critère important. Une statue disproportionnée (Nikki de Saint-Phalle par exemple) n'aurait pu être considérée comme belle. L'artiste contemporain, lui, ne se voit pas comme cet "exécuteur inspiré". Il n'a donc pas ce contrat qui consiste à rendre compte de la Création qui l'entoure et à l'honorer par des oeuvres qui exaltent sa beauté, sa puissance ou sa générosité. Et comme le "modèle" n'existe plus, il devient plus difficile de juger de la valeur d'une oeuvre contemporaine car les critères sont éminemment moins évidents : l'intention, la performance, la rentabilité, diront certains... L'art non figuratif et les arts figuratifs non réalistes, d'ailleurs, n'émergent en Europe qu'en parallèle de la déchristianisation. Je ne sais pas s'il faut y voir un lien.