Qu'est-ce que le paradoxe de la tolérance ?

Proposé par
le

Le paradoxe de la tolérance, énoncé par Karl Popper, affirme qu'une société tolérante sans limites risque d'être détruite par les intolérants. Pour préserver sa tolérance, elle devrait refuser l'intolérance. Introduit dans "La Société ouverte et ses ennemis" (1945), Popper souligne que ce paradoxe ne justifie pas la censure des idées mais la défense active des principes démocratiques contre ceux qui cherchent à les abolir.

Ce concept est souvent cité dans les débats sur la liberté d'expression face aux discours jugés potentiellement haineux, y compris dans les forums de discussion.


Commentaires préférés (3)

Dans nos sociétés actuelles, ce sont souvent les groupes qui se revendiquent les plus tolérants qui le sont le moins envers les idées qu'ils ne partagent pas.
Certains groupes soi-disant très tolérants vont également défendre des modèles d'intolérance et c'est plutôt paradoxale comme nous le dit l'anecdote.

Une société ouverte ne fonctionne que si la tolérance ne permet pas l'instauration de l'intolérance et si on tolère ou défend certaines idées intolérantes alors on s'éloigne de la tolérance alors qu'on croit s'en approcher.

Et comme j'ai peur de l'intolérance des groupes tolérants, je ne cite personne sauf Dostoïevski :

"La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles."

À noter que ce paradoxe peut-être résolu en voyant la tolérance comme un contrat social.
En se montrant intolérant, on s'exclu de ce contrat et les autres n'ont donc plus à nous tolérer non plus.

a écrit : Disons le clairement : l’idéologie woke! Hé bien, je ne m'attendais pas à lire un commentaire de cet acabit sur SCMB, surtout en top commentaire, et encore moins sous une anecdote évoquant le paradoxe de la tolérance de Popper.

Je vous demanderais bien ce que vous entendez par "idéologie woke", mais ayant assisté à ce genre de discussions de nombreuses fois j'imagine que vous rangez là dedans pèle mêle les vegans, les personnes militant pour les droits des personnes LGBTQ+, les antiracistes et que sais je encore, par ce que vous considérez que ces personnes vont trop loin dans leurs revendications et/ou vous adressent trop de reproches, corrigez moi si je me trompe.

Déjà il faut revenir aux origines des mots "woke", "wokiste", wokisme", etc. Rien à voir avec un ustensile de cuisine malheureusement. A la base le terme "woke" était utilisé principalement par des militants antiracistes afro américains pour désigner les personnes ayant conscience des structures politiques qui les entourent et les contraignent, et qui sont donc "éveillée" (traduction littérale de woke), c'est à dire conscientes, par oppositions aux personnes qui n'auraient pas cette conscience politique.
Depuis quelques années le mot a été récupérée par l'extrême droite américaine pour désigner ce qu'ils considèrent comme étant leurs principaux adversaires politiques, remplaçant (ou complémentant) en cela l'expression "marxisme culturel" (cultural marxism dans la langue de Shakespeare). En gros toutes les personnes qui défendraient une vision du monde considérée comme plus "progressiste" (égalité homme femme, droits des personnes LGBT, droits des personnes migrantes, écologie...). A noter que ne sont la plupart du temps pas directement incluses sous l'appellation "woke" les revendications pour une meilleures répartition des richesses car cela risquerait de s'aliéner une trop grande partie de l'électorat.
Ce qui est très pratique avec ce concept de wokisme, c'est que vu qu'il sert à s'attaquer à des groupes minoritaires et n'ayant donc que peu accès à la parole dans l'espace public médiatique, c'est qu'on peut du coup y aller à fond dans l'exagération afin de créer des paniques morales dont on pourra tirer parti derrière. Un exemple avec ce sénateur américain qui racontait qu'on trouvait des litières dans certaines salles de classe afin d'accommoder les élèves s'identifiant comme état des animaux. L'idée étant de montrer ainsi qu'en tolérant la transidentité on arriverait à des dérives absurdes où on se mettrait à tolérer tout et n'importe quoi. Cette histoire de litières dans les salles de classe était évidemment fausses, mais ça n'a pas empêché de déclencher moults débats et condamnation de l'idéologie woke.

Ça c'est pour les Etats-Unis, mais en France, en plus des films hollywoodiens et des chaines de fast food, on aime bien aussi importer des polémiques du pays de l'oncle Sam. Je dis on, mais on parle ici surtout des éditorialistes qui font leur beurre sur la moindre polémique à la mode. C'est ainsi que, quelques années à peine après la fin des débats sur la mariage pour tous, les mots woke et wokisme ont commencé à faire leur apparition sur les chaines de télé et radio. Pas grand chose de nouveau par rapports aux Etats-Unis, on retrouve peu ou prou les mêmes ressorts rhétoriques, et les mêmes mécanisme de montée en épingle d'éléments anecdotiques voir d'invention pur et simple de polémiques.
Un exemple qui me vient en tête est celui d'une fois où Rokhaya Diallo, militante antiraciste de son état et dont, je dois l'avouer, je ne suis pas particulièrement fan pour diverses raisons, évoquait sur je ne sais plus quelle chaine le fait que les pansements soient pour la plupart conçus à destination de personnes à la peau blanche et était donc peu discrets lorsque portés par des personnes de couleur. Information somme toute triviale qui servait à exemplifier le fait que dans une société constituée majoritairement de personnes blanches les objets étaient fabriqués par et pour des personnes blanches, lésant du coup les personnes qui ne le sont pas. S'en est suivi une campagne médiatique absurde à base de titrailles du style "Rokhaya Diallo accuse les pansements de racisme !" évoquant les excès de l'antiracisme, du wokisme, et que sais-je encore. On avait l'impression en lisant les articles que Diallo avait fait de la couleur des pansements un enjeu national et le cœur de la lutte antiraciste, alors qu'il s'agissait d'une simple observation dont pas grand monde n'aurait eu grand chose à faire si on avait pas eu quelques éditorialistes ayant vu là une occasion facile de faire de l'audimat.


Tous les commentaires (50)

"Etre tolérant, c'est refuser l'intolérance."
Nymerion, 20.01.2015.

Dans nos sociétés actuelles, ce sont souvent les groupes qui se revendiquent les plus tolérants qui le sont le moins envers les idées qu'ils ne partagent pas.
Certains groupes soi-disant très tolérants vont également défendre des modèles d'intolérance et c'est plutôt paradoxale comme nous le dit l'anecdote.

Une société ouverte ne fonctionne que si la tolérance ne permet pas l'instauration de l'intolérance et si on tolère ou défend certaines idées intolérantes alors on s'éloigne de la tolérance alors qu'on croit s'en approcher.

Et comme j'ai peur de l'intolérance des groupes tolérants, je ne cite personne sauf Dostoïevski :

"La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles."

À noter que ce paradoxe peut-être résolu en voyant la tolérance comme un contrat social.
En se montrant intolérant, on s'exclu de ce contrat et les autres n'ont donc plus à nous tolérer non plus.

Ça me fait penser à Voltaire... mais c'était une autre époque et un contexte qui n'existe plus...

L’épisode de south park sur ce sujet est savoureux :)

a écrit : Dans nos sociétés actuelles, ce sont souvent les groupes qui se revendiquent les plus tolérants qui le sont le moins envers les idées qu'ils ne partagent pas.
Certains groupes soi-disant très tolérants vont également défendre des modèles d'intolérance et c'est plutôt paradoxale comme nous le dit l
'anecdote.

Une société ouverte ne fonctionne que si la tolérance ne permet pas l'instauration de l'intolérance et si on tolère ou défend certaines idées intolérantes alors on s'éloigne de la tolérance alors qu'on croit s'en approcher.

Et comme j'ai peur de l'intolérance des groupes tolérants, je ne cite personne sauf Dostoïevski :

"La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles."
Afficher tout
des exemples de groupes prétendument tolérants et qui sont intolérants ?

a écrit : À noter que ce paradoxe peut-être résolu en voyant la tolérance comme un contrat social.
En se montrant intolérant, on s'exclu de ce contrat et les autres n'ont donc plus à nous tolérer non plus.
C’est pas mal.
Mais si les intolérants sont exclus et que les tolérants n’ont plus à les tolérer, alors les tolérants deviennent intolérants, on revient au paradoxe non ?

Vu autrement, dire que tu es tolérant seulement envers les tolérants, est-ce que ça te permet vraiment de t’appeler "tolérant" ?

Ce paradoxe est amusant, je l’expliquais d’ailleurs à ma fille, métissée béninoise. Je lui dis qu’en France, on peut être fier d’être noir, mais si je dis que je suis fier d’être blanc, c’est considéré comme du racisme. Et elle, elle est noire en France et blanche pour le Bénin, elle est ravie !

Popper était très ouvert…

Très bien, mais doit-on tolérer les criminels par exemple ? Le crime est-il une forme d'intolérance ? Il doit sûrement exister autant de crime qu'il y a de réponse à cette question. Être tolérant en toutes circonstances est un non sens un peu naïf et mortifere. Il faudrait une tolérance éclairée, avec cette pointe d'intolérance qui fait fonctionner l'idée correctement (Le yin et le yang).

"Paradoxe" Fumeux qui justifie l'intolérance dont a besoin la gauche moderne pour imposer ses idées et refuser toute idée n'allant pas dans son sens an arguant que c'est pour préserver la tolérance.

Complètement stupide mais très utile pour éviter la dissidence.

a écrit : des exemples de groupes prétendument tolérants et qui sont intolérants ? Facile, lfi

a écrit : Dans nos sociétés actuelles, ce sont souvent les groupes qui se revendiquent les plus tolérants qui le sont le moins envers les idées qu'ils ne partagent pas.
Certains groupes soi-disant très tolérants vont également défendre des modèles d'intolérance et c'est plutôt paradoxale comme nous le dit l
'anecdote.

Une société ouverte ne fonctionne que si la tolérance ne permet pas l'instauration de l'intolérance et si on tolère ou défend certaines idées intolérantes alors on s'éloigne de la tolérance alors qu'on croit s'en approcher.

Et comme j'ai peur de l'intolérance des groupes tolérants, je ne cite personne sauf Dostoïevski :

"La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles."
Afficher tout
Disons le clairement : l’idéologie woke!

a écrit : Ça me fait penser à Voltaire... mais c'était une autre époque et un contexte qui n'existe plus... Vous pensez peut-être à une citation apocryphe de Voltaire, donc qu'il n'a jamais prononcée ou écrite...

Y'a plus qu'à créer une société intolérante :p

C’est exactement ce que je disais dans mon commentaire : trop de tolérance, tue la tolérance.
Je crois que dans la vie, le milieu est le meilleur compromis, car les extrêmes aussi bien intentionnés soient-ils, ne donnent pas de résultats probants et surtout ne durent pas dans le temps…

a écrit : C’est pas mal.
Mais si les intolérants sont exclus et que les tolérants n’ont plus à les tolérer, alors les tolérants deviennent intolérants, on revient au paradoxe non ?

Vu autrement, dire que tu es tolérant seulement envers les tolérants, est-ce que ça te permet vraiment de t’appeler "tolérant" ?
J'imagine qu'on peut toujours présenter la chose de manière paradoxale, oui!
Mais la clé qui fait que j'apprécie particulièrement cette approche, c'est que les intolérants ne sont pas exclus, ils s'excluent eux-mêmes.
Un peu comme le respect, est-ce vraiment un manque de respect que de ne pas courber l'échine face à une personne qui ne vous respecte pas, d'exiger du respect de sa part ?

a écrit : "Etre tolérant, c'est refuser l'intolérance."
Nymerion, 20.01.2015.
Heu.... t'es sûr pour la date? paske c'est ou il y a 10 ans pile poil, ou c'est aujourd'hui...