Les Américains peuvent revendiquer les îles où il y a du guano

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Le "Guano Islands Act" a permis aux Etats-Unis de s'emparer d'une centaine d'îles. Votée en 1856, et encore en vigueur aujourd'hui, elle permet à tout citoyen américain de prendre possession d'une île contenant du guano, pourvu qu'elle soit inoccupée et non soumise à une autre juridiction.

Par exemple, en 1857, les Etats-Unis s'emparèrent de l'île de la Navasse au nom du Guano Islands Act, malgré une revendication antérieure d'Haïti.


Commentaires préférés (3)

Ceci confirme donc ma thèse, dont le sujet était "Partout où ils passent, c'est la merde". Merci.

Le guano est un amas d'excréments d'oiseaux marins ou de chauves-souris. Il est riche en nutriments comme l'azote et le phosphore, ce qui en fait un excellent engrais naturel depuis des siècles.

Contexte de l'époque, afin de comprendre pourquoi eut lieu, ce texte de loi Américain.

Au 19ème siècle, les engrais artificiels n'existent (pratiquement) pas. L'Agriculture mondiale repose sur toutes les formes d'abonnement naturel existant. Fumiers et excréments humains, restes végétaux, varech, terreau, etc...

Vers 1820, le guano (mot issu de la langue Quechua "wano". Les Incas l'exploitaient déjà) commence à être extrait sur des îles côtières du Pérou.
Vers 1835-40, l'État Péruvien est le très principal exportateur mondial de guano, lui donnant une position de "Monopole". Le Pérou en fait alors un "or blanc" très convoité par la France, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Sauf que, de par sa position de Monopole, Lima fait la pluie et le beau temps des prix... qui sont donc élevés. Durant les décennies suivantes, vont être extraites de millions de tonnes de guano, qui rapporteront des dizaines de milliards de $ à l'État Péruvien, sous forme de Droits de concessions: des centaines de millions de $ pour une quantité extraite/an. Des Sociétés étrangères et Péruviennes sont dans cette manne.

Comme le prix du guano est élevé, bien évidemment plusieurs personnes sont intéressées à entrer dans ce négoce. Les Américains voulant leur part du gâteau, tout autre lieu du monde où il peut y avoir du guano, les intéresse. Ceci mènera à ce texte... et même à un Conflit Diplomatique entre les États-Unis et le Pérou, en 1958.
Il y aura encore un suivant, opposant l'Espagne et le Pérou: la guerre du guano et du salpêtre.

Et comme toutes les bonnes choses ont une fin... les réserves de guano commencent à s'épuiser. Vers 1870, on n'y extrait déjà plus que 10% des quantités de quelques décennies auparavant.
Mais de plus, c'est que maintenant, il s'extrait également du caliche (Nitronatrite) depuis les cotes nord du Chili, afin d'en obtenir du Nitrate de Potassium (Salpêtre). Ceci va faire chuter les prix du guano. Le temps des vaches grasses du Pérou, est terminé.

Si le guano a pris une très grande valeur économique (et même politique), c'est parce qu'il n'y avait alors pas d'alternative "chimique", pour arriver à augmenter la production mondiale alimentaire. A cette époque, les États-Unis, le Canada, l'Argentine, l'Australie, la Russie, etc... ne sont pas encore des grands producteurs d'alimentation pouvant être emportées vers l'Europe.
Dans le contexte de la Démographie du 19ème, il est important de préciser que du milliard d'habitants sur Terre en 1800, ce chiffre grimpe à 2 milliards en 1927. Les terres agricoles Européennes et Nord Américaines n'arrivent pas à suivre le rythme soutenu de Croissance Démographique. (Au 19ème, un hectare de céréales produisait 2 tonnes de grain. Aujourd'hui, on en produit 3 fois plus sur la même surface...)

Je ne peux pas terminer ce commentaire, sans vous citer le terrible fait de l'histoire de l'île de Pâques. En 1862, sept bateaux Péruviens arrivèrent à l'île de Pâques/Rapa Nui. Les équipages ne viennent pas avec des fleurs, mais avec l'intention de capturer le maximum d'hommes, pour les réduire en esclavage, extrayant le guano sur les îles côtières du Pérou. Ils furent des milliers, dont seulement une centaine a être libéré, devant le tollé international issu de cette pratique négrière. Malheureusement, la centaine de rescapés rapportaient avec eux... la tuberculose et la variole. 85 mourront durant le voyage de retour, et les 15 survivants débarqués, contagieront la population Polynésienne de l'île.

Je peux également citer l'histoire de l'île de Nauru, qui fut en son moment, une très riche île exploitée pour son guano. Ça ne s'est pas bien terminé... (aller consulter des liens sur le Net).


Tous les commentaires (11)

"Toutes les îles contenant des fientes nous appartiendront !"
C'est vrai que ça en fait pas mal.

Ceci confirme donc ma thèse, dont le sujet était "Partout où ils passent, c'est la merde". Merci.

Le guano est un amas d'excréments d'oiseaux marins ou de chauves-souris. Il est riche en nutriments comme l'azote et le phosphore, ce qui en fait un excellent engrais naturel depuis des siècles.

a écrit : Le guano est un amas d'excréments d'oiseaux marins ou de chauves-souris. Il est riche en nutriments comme l'azote et le phosphore, ce qui en fait un excellent engrais naturel depuis des siècles. Oui, mais ça fait un moment qu’il a été supplanté par l’engrais industriel… Les sites ont perdus en une décennie tout leur intérêt économique.

Contexte de l'époque, afin de comprendre pourquoi eut lieu, ce texte de loi Américain.

Au 19ème siècle, les engrais artificiels n'existent (pratiquement) pas. L'Agriculture mondiale repose sur toutes les formes d'abonnement naturel existant. Fumiers et excréments humains, restes végétaux, varech, terreau, etc...

Vers 1820, le guano (mot issu de la langue Quechua "wano". Les Incas l'exploitaient déjà) commence à être extrait sur des îles côtières du Pérou.
Vers 1835-40, l'État Péruvien est le très principal exportateur mondial de guano, lui donnant une position de "Monopole". Le Pérou en fait alors un "or blanc" très convoité par la France, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Sauf que, de par sa position de Monopole, Lima fait la pluie et le beau temps des prix... qui sont donc élevés. Durant les décennies suivantes, vont être extraites de millions de tonnes de guano, qui rapporteront des dizaines de milliards de $ à l'État Péruvien, sous forme de Droits de concessions: des centaines de millions de $ pour une quantité extraite/an. Des Sociétés étrangères et Péruviennes sont dans cette manne.

Comme le prix du guano est élevé, bien évidemment plusieurs personnes sont intéressées à entrer dans ce négoce. Les Américains voulant leur part du gâteau, tout autre lieu du monde où il peut y avoir du guano, les intéresse. Ceci mènera à ce texte... et même à un Conflit Diplomatique entre les États-Unis et le Pérou, en 1958.
Il y aura encore un suivant, opposant l'Espagne et le Pérou: la guerre du guano et du salpêtre.

Et comme toutes les bonnes choses ont une fin... les réserves de guano commencent à s'épuiser. Vers 1870, on n'y extrait déjà plus que 10% des quantités de quelques décennies auparavant.
Mais de plus, c'est que maintenant, il s'extrait également du caliche (Nitronatrite) depuis les cotes nord du Chili, afin d'en obtenir du Nitrate de Potassium (Salpêtre). Ceci va faire chuter les prix du guano. Le temps des vaches grasses du Pérou, est terminé.

Si le guano a pris une très grande valeur économique (et même politique), c'est parce qu'il n'y avait alors pas d'alternative "chimique", pour arriver à augmenter la production mondiale alimentaire. A cette époque, les États-Unis, le Canada, l'Argentine, l'Australie, la Russie, etc... ne sont pas encore des grands producteurs d'alimentation pouvant être emportées vers l'Europe.
Dans le contexte de la Démographie du 19ème, il est important de préciser que du milliard d'habitants sur Terre en 1800, ce chiffre grimpe à 2 milliards en 1927. Les terres agricoles Européennes et Nord Américaines n'arrivent pas à suivre le rythme soutenu de Croissance Démographique. (Au 19ème, un hectare de céréales produisait 2 tonnes de grain. Aujourd'hui, on en produit 3 fois plus sur la même surface...)

Je ne peux pas terminer ce commentaire, sans vous citer le terrible fait de l'histoire de l'île de Pâques. En 1862, sept bateaux Péruviens arrivèrent à l'île de Pâques/Rapa Nui. Les équipages ne viennent pas avec des fleurs, mais avec l'intention de capturer le maximum d'hommes, pour les réduire en esclavage, extrayant le guano sur les îles côtières du Pérou. Ils furent des milliers, dont seulement une centaine a être libéré, devant le tollé international issu de cette pratique négrière. Malheureusement, la centaine de rescapés rapportaient avec eux... la tuberculose et la variole. 85 mourront durant le voyage de retour, et les 15 survivants débarqués, contagieront la population Polynésienne de l'île.

Je peux également citer l'histoire de l'île de Nauru, qui fut en son moment, une très riche île exploitée pour son guano. Ça ne s'est pas bien terminé... (aller consulter des liens sur le Net).

Oui, le Guano Islands Act est une loi fascinante de l'histoire américaine. Adoptée en 1856, elle a été conçue à une époque où le guano (excréments d'oiseaux marins et de chauves-souris) était une ressource précieuse en raison de sa richesse en nitrates et phosphates, ce qui en faisait un engrais extrêmement recherché.

Le Guano Islands Act permettait à tout citoyen américain de revendiquer des îles inoccupées contenant du guano pour le compte des États-Unis, à condition que ces îles ne soient pas sous la juridiction d'un autre pays. Une fois revendiquée, l'île devenait effectivement un territoire américain, au moins temporairement, tant que l'extraction du guano y était en cours.

L'exemple de l'île de la Navasse en 1857 illustre bien la manière dont cette loi a été utilisée. L'île, située entre Haïti et la Jamaïque, avait déjà été revendiquée par Haïti. Cependant, les États-Unis s'en sont emparés sous l'autorité de cette loi pour son guano. Cette revendication a mené à des tensions diplomatiques avec Haïti, qui considérait l'île comme partie intégrante de son territoire.

www.sygma-group.com

a écrit : Mais... Qu'est-ce au juste que le guano?^^ Du caca d'oiseaux marins. De la fiente.

Selon les espèces, celui-ci est de meilleure ou moindre qualité, même si tous les types de guano sont de bons fertilisants.

Si en quelques décennies, nos ancêtres du 19ème ont pu en extraire des millions de tonnes depuis les îles du Pérou, c'est parce qu'en des milliers d'années (dizaines, peut-être), ces fientes ont été progressivement déposées en une couche atteignant des épaisseurs incroyables (plusieurs mètres ou dizaines de mètres).

a écrit : Oui, mais ça fait un moment qu’il a été supplanté par l’engrais industriel… Les sites ont perdus en une décennie tout leur intérêt économique. Ou pas... Il faut regarder aussi et désormais la zone économique exclusive associée aux îles conquises.

a écrit : Du caca d'oiseaux marins. De la fiente.

Selon les espèces, celui-ci est de meilleure ou moindre qualité, même si tous les types de guano sont de bons fertilisants.

Si en quelques décennies, nos ancêtres du 19ème ont pu en extraire des millions de tonnes depuis les îles du Pérou, c�
39;est parce qu'en des milliers d'années (dizaines, peut-être), ces fientes ont été progressivement déposées en une couche atteignant des épaisseurs incroyables (plusieurs mètres ou dizaines de mètres). Afficher tout
Merci pour les précisions, en fait je voulais simplement citer cette petite phrase des Dupont et Dupond dans Tintin ;)

Nous avons regardé "Ace Ventura en Afrique" avec mes enfants cette semaine, et c'est justement (un peu) le sujet du film !!
Film pas bon et qui n'a pas bien vieilli, d'ailleurs…