En mai 2017 en Ecosse, un étudiant de l’université de Gordon plaça un ananas sur un présentoir vide au milieu d’une exposition d’art contemporain. Quelques jours plus tard, il découvrit que non seulement l’ananas n’avait pas été enlevé, mais avait été mis sous verre et intégré à l’exposition.
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Pourquoi un dessin d’un enfant de 4ans ne pourrait pas valoir des millions ?
Ce qui est marrant dans votre raisonnement, c’est que vous faites deux poids deux mesures.
L’art étant subjectif, ceux qui achètent les œuvres déterminent les tendances. Et par extension leurs qualités.
C’est le principe de l’art. Aucune règle, aucune logique dans la multitude de formes que peut revêtir une œuvre pour être qualifié d’artistique.
Peut-être que ça vous déçoit, mais c’est pas plus faux que de dire que l’art n’a pas de valeur.
FIAC YOU!
Pour la seconde idée d'Hegel, cela concerne la relation entre l'œuvre et le modèle. Il n'existe que trois cas de figure :
- l'œuvre n'arrive pas jusqu'au niveau de détail du modèle original et ne le décrit pas complétement : c'est l'art primitif ou naïf. Une fable en littérature, un lézard stylisé aborigène en peinture, la dame de Brassempouy en sculpture.
- l'œuvre représente exactement avec le modèle original ou veut le faire : c'est l'art classique. Un roman naturaliste, un portrait de maître hollandais, un buste grec ou romain.
- l'œuvre dépasse et sublime le modèle original : c'est l'art romantique. C'est un peu subtil mais le romantique c'est tout ce qui dépasse l'art classique en ajoutant une vision qui n'existe pas dans le modèle original. La victoire de samothrace par exemple, qui ajoute des ailes à un corps humain pour personnifier une allégorie, ou une nouvelle fantastique de Poe.
Si tant est que le sujet d'origine provienne de la nature, une œuvre d'art appartiendra toujours à l'une de ces trois catégories. Soit elle ne le décris pas complétement, soit elle le décrit parfaitement, soit elle le décrit plus qu'il n'est.
Dans le cas de l'ananas on se trouve précisément dans le cadre de l'art classique, une représentation parfaitement exacte du sujet (puisque le sujet EST l'œuvre). Ce qui est en soi est totalement transgressif dans une exposition contemporaine où tout est déconstruit et rien n'est représenté pour ce qu'il est. Et comme l'art contemporain valorise la transgression, l'ananas devient une œuvre d'art contemporain qui oblige cet art à se confronter à lui même et à sa propre vacuité en transgressant ses propres lois de transgression ! Ouff... Voilà :-)
Maintenant je vais postuler à la FIAC, ça doit être amusant de rédiger les notices pour expliquer au spectateur ce qu'il est censé comprendre dans une œuvre qu'il est trop con pour comprendre tout seul. Quelques sophismes noyés dans un lyrisme postmoderne déconstructif et le tour est joué, à moi les billets !!
Voilà oui j'aurais sous-titré l'ananas "Transgresser la Transgression" et le tour est joué, une œuvre d'art à coter plusieurs millions.
Oui, mais qu'est-ce qu'on constate, quand on observe l'objet en détails ? C'est que la partie sporadique ne présente pas de prospérités et que DONC, elle est lisse.
Pour Hegel, l'art est toute idée qui devient matière. L'idée, la conscience de l'Homme en somme, s'objective (devient objet) dans la production artistique. En ce sens, une coupe de cheveux ou un tatouage (là c'est Hegel qui le dit lui-même) sont de l'art. Même le choix des tes vêtements le matin est un geste artistique.
Par contre, le geste artistique qui est apprécié "de toutes les nations et de toutes les époques" et qui réussit à s'extirper de sa singularité culturelle (en tant qu'il n'est plus seulement le produit d'UN homme, d'UNE culture et d'UNE époque) devient lui un chef d’œuvre.
Merci pour la précision !
La distinction entre art et culture est effectivement personnelle (la lecture d'Hegel remonte à quelque temps déjà)… pour moi l'art s'applique aux chefs d'œuvre, tandis que la culture est vouée à disparaitre ou à devenir un folklore distrayant.
Ce que Hegel appelle "geste artistique" je le nommerai plutôt "geste culturel", ne devenant artistique qu'à partir d'un certain point de perfection. Mais c'est juste une question de sémantique, dans l'absolu.
C'est pour ça qu'on voit dans tout les magasins du genre but , conforama des objets de décoration en ananas depuis un an ?
Mais ce n'est pas nouveau, d'autres l'ont fait avant lui. Car la créativité ne vient pas de l'objet en lui-même mais seulement dans le fait d'exposer un objet du quotidien. Il n'a donc plus ici d'acte artistique. mais cela ne m'empêche pas de trouver l'idée génial (je me demande même si la galerie n'est pas complice, pour faire de la pub à l'expo).
J’aurais trop l’impression d’être à IKEA ou au supermarché.
Pour moi il fait un minimum de transformation.
Le vrai problème ce sont les spectateurs qui prêtent des intentions aux artistes alors qu'ils ne les ont jamais eu, elle est la la dénonciation et la beauté, à la limite.
C'est comme le premier homme qui a comparé la femme dont il était amoureux à une rose. C'était un génie. Tous les suivants sont des idiots et des ringards.
En 1912 Duchamp se fait refuser, à Paris, un tableau par une société d'artistes. Le tableau ne sera pas exposé. Il garde cette déconvenue en tête. (Tableau qui est aujourd'hui au Museum of Art de Philadelphie).
En 1916, il fonde une société d'artistes à New York, très ouverte et très libre sur le principe: on expose tout le monde, y'a pas de jury, du moment qu'on paie un droit d'entrée. Et c'est certainement pour tester l'ouverture d'esprit de ses amis et associés qu'il a envoyé anonymement l'urinoir intitulé "Fontaine" à sa propre société d'artistes. Et il a été refusé par un vote à la majorité, ce qui a entraîné la démission de Duchamp de cette société (sans avouer qu'il était l'auteur de "Fontaine"). Et un autre sociétaire démissione également, Arensberg. C'est de lui que vient l'expression "libéré de sa valeur d'usage" que j'ai utilisé.