Les malades psychiatriques ont subi une extermination douce

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"Extermination douce" est un terme qui désigne la mort par abandon et manque de soin de plus de 45 000 malades dans les hôpitaux psychiatriques français sous l'Occupation. Le phénomène ne fit l'objet d'aucune étude jusqu'en 2005 et reste très méconnu.

Ce qui est également appelé "l'hécatombe des fous" est sûrement l'un des plus grands phénomènes de mort de masse pour la population française lors de la Seconde Guerre Mondiale. Les malades mentaux étaient 100 000 avant la guerre et subirent donc une mortalité de 45% au moins.


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a écrit : Autant habituellement il y a toujours une personne avec un commentaire intéressant qui apporte à l'anecdote, autant là on sent qu'il y a une méconnaissance sur le sujet. Je trouve que ça représente très bien le désintéressement, et le manque d'information de la population au sujet des citoyens ayant des troubles psy. La prison, les matraitances physique et psychologiques quotidienne et pas uniquement en Europe ou durant la guerre. En même temps ça se comprend, la maltraitance de personnes malade, ce n'est pas un sujet très joyeux.

Aujourd'hui nous sommes à des années lumières. Ce qui veut dire que dans certains hôpitaux, ils sont parfois 4 dans des chambres pour 2, pas de couvertures, pas de soin car manque d'effectifs (visite médicale une fois toute les 3 semaines), il y a 2 infirmiers pour 20 malades, et ce sont eux qui font le ménage. Du coup pour gérer ils doivent attacher les patients agités (qui vont mal, donc) à leur lit, des journées entières, laver uniquement ceux qui ont des visites ... On a fermé 50% des lit en 30 ans et gelé le budget depuis 10 ans, ça ne risque donc pas de s'améliorer.

Bref la psychiatrie à toujours été un sujet tabou... Mais pour info on réserve aussi ce traitement pour nos vieux dans beaucoup d'établissements...
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C'est pendant la guerre qu'est née la psychothérapie institutionnelle à Saint Alban avec François Tosquelles, réfugié espagnol. Les patients de cet hôpital n'ont pas connu la faim ou une quelconque "extermination".
L'autre modèle, dans la lignée, de Saint Aban est la clinique de La Borde et Jean Oury. Pour la petite histoire, ce modèle d'accompagnement a été très mis à mal par la T2A (tarification à l'acte) et les normes protocolaires (la corvée de pluche était un "outil thérapeutique"... le temps que les cuisines n'étaient pas encore interdites aux résidents). fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Tosquelles ; fr.wikipedia.org/wiki/Psychoth%C3%A9rapie_institutionnelle

a écrit : Entièrement d’accord avec toi ! Certains auteurs parlent d’une politique clairement délibéré de laisser mourir ces « fous », plutôt que de les exterminer comme nos voisins allemands ! Ceci est en mettre en lien avec les débats, et parfois les actions, en faveur de la stérilisation de ces malades (de force bien sûr, et partout dans le monde!) autour de la stérilisation. Toutes les sources à ce propos sont recueillies dans le très complet ouvrage : « Histoire de la folie avant la psychiatrie », sous la direction de Boris Cyrulnik et Patrick Lemoine. Afficher tout En lisant ton com, je viens de comprendre le terme d'extermination "douce". Elle était douce pour ceux qui ont décidé de tuer ces "fous". Il est beaucoup plus simple d'abandonner des gens et de fermer les yeux que de les tuer directement: pratique beaucoup plus hypocrite que ce qu'ont fait les Nazis. Eux ont exterminé des populations marginales, dont les malades mentaux, de façon franche et directe.

Et par dessus tout, le régime de Vichy a pu faire passer son massacre eugéniste pour une nécessité absolue de rationner. Stratégie rudement efficace car plus de 70 ans après, ils sont encore nombreux à avaler ces salades pas fraîches.

Dans la même période, 76000 français juifs ont été assassinés dans les camps de la morts.

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a écrit : On ne peut pas dire que l'article wikipedia soit très joyeux : "Certains hôpitaux psychiatriques, tel celui de Clermont, sont durant la guerre peuplés de squelettes ambulants mangeant leurs doigts, leurs excréments, l'écorce des arbres, les chats errants, les pissenlits, les ordures. Une statistique faite en 1943 dans un service de femmes révèle que le poids moyen des malades décédant est de 32 kilogrammes, celui de certaines patientes, de taille normale, étant de 23".

Je n'avais jamais entendu parler de cette histoire et il est important je crois de sortir tous ces squelettes de nos placards historiques.

Ensuite, il faudrait remettre un peu de contexte. Malheureusement si les pénuries étaient généralisées, il apparaît probable (je n'ai pas dit normal) que les asiles ou les prisons soient les derniers servis.
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Ce genres de témoignage nous rapproche "aux heures les plus sombres de notre histoire". J'aime beaucoup ce site alors svp pas de pas de plus pour éviter sa fermeture.

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a écrit : Ce genres de témoignage nous rapproche "aux heures les plus sombres de notre histoire". J'aime beaucoup ce site alors svp pas de pas de plus pour éviter sa fermeture. De quoi parlez vous ?

a écrit : La priorisation de catégories d'humains au dépend d'autres se voit encore aujourd'hui dans les hôpitaux entre les "vieux" et les "jeunes". La crise du Covid l'a mise un peu en lumière mais ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas une généralité non plus, mais le critère d9;acharnement thérapeutique peut être plus ou moins assoupli selon le nombre de lits dispos, de médecins... Il y a bien sûr peu (pas) de chiffres officiels, mais si vous avez des proches dans le milieu hospitalier, cela doit vous parler.
Voici une vraie question philosophique : à partir de quand est-il légitime de laisser mourir autrui?
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Ben oui, il y a un peu de logique là dedans. Il faut faire des choix. C'est pas beau, mais il faut.

Un exemple : accident de la route, vous arrivez seul. 2 blessés. 1 jeune fille en arrêt et un vieux avec une hémorragie raisonnable. Qui secourrez-vous?

Un secouriste consciencieux vous repondra qu'il faut aider le moins dégradable, donc, sauvez le vieux.

On a fait pareil pour la covid, que ça plaise ou non.

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Nous sommes tous choqués de cette extermination dite douce. Le sommes nous aussi de l'euthanasie, dont l'étymologie est "mort douce"? Les causes ne sont elles pas similaires ?
Soigner et réconforter des personnes gravement malades en soins palliatif est compliqué et onéreux. Il est plus simple et efficace , tant pour la société que pour les familles, que les personnes âgées et malades "bénéficient d'une douce mort".
Comme le disait Jean-François Delfraissy, le Président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en 2018: “Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal, et vous avez de la chance si vous le savez vous-même !”. A partir de ce raisonnement, le seul critère est celui du profit financier.

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Camille Claudel fait partie des victimes, morte de fam. Délaissée par son frère Paul Claudel.