La première bible de Gutenberg, la B42, fut éditée en 180 exemplaires dont 30 sur vélin, obtenu à partir de la peau de veau mort-né ou tué peu après leur naissance. Pour obtenir un exemplaire de la B42, 170 veaux étaient nécessaires, il fallut donc environ 5000 veaux pour toutes les réaliser.
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Et pour le comprendre.... Il faut remonter un siècle plus tôt, quand les épidémies de peste bubonique ont frappé les populations Européennes.
La subite baisse démographique, a eu comme conséquences, et d'avoir un excédent de bétail (qui lui, n'était pas contagié), et de terres antérieurement cultivées, qui furent transformées en pâturages. L'élevage devint d'ailleurs, en Europe, la première activité agricole dans un monde rural qui se dépeuplait.
Mais de plus, l'épidémie de peste va également provoquer un changement des marchandises transitant par les grandes routes commerciales. Les étoffes et les épices vont être substituées en partie, par de gigantesques caravanes de bovins provenant de Hongrie et de Moravie, voyageant jusqu'à Venise où Nuremberg, elle, ville proche de Mayence.
Les archives de commerçants, de bouchers, etc... de l'époque, apportent la preuve que durant cette période, la consommation de viande bovine a très sensiblement explosée, pouvant aller jusqu'à une centaine de kilo de viande boeuf, par personne et par an !
Les fouilles archéologiques confirment ces faits, révélant une présence accrue d'ossements de bovins, dans les fouilles de dépotoirs du 15eme.
Toutes ces activités d'élevage, tant locales comme ' à l'international", a mené à une situation où le vélin est devenu plus économiquement abordable, tant de par une baisse de la demande (tous usages confondus) comme pour une offre en augmentation, issue de ces activités d'élevage.
Même les livres de recettes de cuisine du 15eme, reflètent cet engouement pour la viande bovine. Les recettes pour accommoder la viande de boeuf, prennent bien plus d'importance.
Ce régime alimentaire principalement carnivore, ne sera que transitoire. Dès le 16eme, la consommation par personne et par an, diminuera, pour atteindre ses plus bas niveaux au 18eme et 19eme.
Les veaux sont ils abattus à la naissance pour garder le lait pour l'industrie ?
Et donc ces livres ont ils été fait avec les peaux de ces veaux ?
Non, absolument non, l'industrie bovine, n'a absolument pas besoin de faire envoyer les veaux à l'abattage, pour que le lait puisse avoir un usage alimentaire humain.
Les vaches produisent suffisamment de lait, ET pour allaiter le veau, ET alimenter les hommes.
A sa naissance, un veau consomme 5 litres de lait /jour. 8 litres à 1 mois, et jusqu'à 15 litres à 4 mois, âge où il commence déjà à brouter.
Quant à une vache laitière, elle peut produire de 25 à 40 litres de lait/ jour. Il y a donc une confortable marge, pour produire le lait frais, le beurre, les fromages, yaourts et j'en passe....
Cependant, il est inutile de garder tous les veaux nés, pour qu'ils deviennent dans un an, des génisses ou des taurillons destinés à la production carnée. Ceci mènerait à court terme, à une claire surproduction de viande bovine dans les pays développés et à un effondrement des prix. A moyen terme, l'endettement des éleveurs augmenterait, ...et les faillites aussi.
A long terme, c'est toute le production de viande bovine de ces pays qui serait compromise, -et notre alimentation laitière aussi !- où il faudrait avoir recours à de l'importation depuis des pays tiers, pour compenser.
Suite au début des épidémies de peste bubonique ( milieu du 14eme siècle) la baisse de population humaine - de 30 a 60% selon les régions d'Europe- a mené à un sureffectif de cheptel bovin, pour deux raisons:
- une baisse du nombre de consommateurs.
- une augmentation des pâturages, de par des millions d'hectares destinés à la production céréalière ou horticole, qui n'avaient plus raison d'être, et qui furent reconvertis.
Jusqu'à la fin du quinzième, la consommation de viande bovine a donc connu une sensible augmentation... ainsi qu'une plus grande disponibilité de peaux de veaux destinés à la fabrication de vélins.
Durant ma scolarité, le Moyen âge était présenté comme une époque sombre, froide, remplie de guerres, de famines, de maladies, etc...
Depuis trois à quatre décennies, des historiens remettent en doute cette vision, à la juste raison.
Tout est là : documents d'archives, sites archéologiques, etc... Le tout est de savoir les trouver, les interpréter et en tirer une conclusion plus réaliste que les à-prioris.
L'on peut faire un parallèle avec ce qui m'était enseigné sur les "hommes préhistoriques" ( dont le Néandertal), et sur la vision que l'on a de lui, aujourd'hui.
En effet, dans l'imaginaire collectif le Moyen Age c'est : un paysage grisonnant, des corbeaux dans des arbres décharnés, croassant sur des passants voutés sous leurs charges de fagots de bois, habillés de guenilles.
Je conseille en passant de regarder la chaîne YT d’Horror Humanum Est, reprise en source par l’anecdote. Et son Kickstarter, toujours en cours.
Il faudrait, je pense, renommer "moyen âge" en "âge du changement", une époque passionnante en vrai. Violente certes, mais pas plus que le 20ème siècle ^^
Même le servage, quand j'étais gosse, j'imaginais un tyran dans sa tour qui coupait tout ce qui lui déplaisait en rondelles, c'est faux, les seigneurs étaient avant tout des protecteurs! Des tyrans, certes, mais les gens qu'il avait sous sa coupe, c'étaient plus ses enfants que ses esclaves!!! Plein de choses fausses que l'on croit!
Une petite recherche sur la prison du Mont St Michel et les bagnes le montre bien...