Qu'est-ce qu'une peau de chagrin ?

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Une peau de chagrin est une piece de cuir, dont le nom vient du turc "sagri", qui désignait d'abord la croupe d'un âne puis la peau qui y est prélevée. L'expression réduire comme une peau de chagrin vient d'un roman de Balzac où une peau magique réduit à mesure qu'on l'utilise pour réaliser un voeu.

Cette peau appréciée pour sa granulosité est beaucoup utilisée en reliure. Cet aspect criblé était obtenu à l'origine en piétinant la peau avec des graines d'arroche sauvage.


Commentaires préférés (3)

Merci pour ces explications exhaustives concernant la peau de chagrin. Très instructif, pour ma part.

a écrit : Merci pour ces explications exhaustives concernant la peau de chagrin. Très instructif, pour ma part. Je pense que j'ai utilisé l'intégralité des caractères autorisés et il a fallut que je soit très conscise, ce qui n'est pas ma spécialité.
L'histoire de l'expression réduire comme peau de chagrin est littéraire, puisque Balzac a construit une histoire sur l'idee d'un objet magique (la peau de chagrin) qui exauce les vœux, et réduit à chaque voeu, consommant du même coup la vitalité de son propriétaire. Il finit vieillard avant l'heure, brûlé par ses désirs exhaussés, reclus pour ne plus être tenté d'en formuler d'autres. Sa vie est circoncise dans cette petite peau précieuse, qui s'efface.
On retrouvera plus tard, dans Dorian Gray et son portrait, ce lien délétère entre un objet magique et son possesseur.
Pour ce qui est de la peau elle même (sagri), c'était donc littéralement la peau des fesses de divers animaux, au départ des ânes, des chèvres, des onagres. Ce cuir avait des qualités de souplesse, de finesse et de solidité recherchées en reliure. Il se trouve qu'il était aussi grenu (surtout celui des chèvres si j'ai bien tout compris) et présentait sous les doigts de petites aspérités. Cette qualité appréciée des amateurs de livres fut donc accentuée. On pressa, côté chair des petites graines dures sur la peau, préalablement mouillée, avant de la faire sécher, avec les graines. Quand on les enlevait on obtenait une peau encore plus grenue que l'on pouvait travailler.
On appelle cette technique, qui a beaucoup évolué mais existe toujours, le chagrinage et cette opération coûteuse, réservée aujourd'hui aux livres de grand luxe vaut... la peau des fesses.

Écrire circoncise au lieu de circonscrite dans un commentaire parlant d’un morceau de peau, joli lapsus


Tous les commentaires (9)

Merci pour ces explications exhaustives concernant la peau de chagrin. Très instructif, pour ma part.

a écrit : Merci pour ces explications exhaustives concernant la peau de chagrin. Très instructif, pour ma part. Je pense que j'ai utilisé l'intégralité des caractères autorisés et il a fallut que je soit très conscise, ce qui n'est pas ma spécialité.
L'histoire de l'expression réduire comme peau de chagrin est littéraire, puisque Balzac a construit une histoire sur l'idee d'un objet magique (la peau de chagrin) qui exauce les vœux, et réduit à chaque voeu, consommant du même coup la vitalité de son propriétaire. Il finit vieillard avant l'heure, brûlé par ses désirs exhaussés, reclus pour ne plus être tenté d'en formuler d'autres. Sa vie est circoncise dans cette petite peau précieuse, qui s'efface.
On retrouvera plus tard, dans Dorian Gray et son portrait, ce lien délétère entre un objet magique et son possesseur.
Pour ce qui est de la peau elle même (sagri), c'était donc littéralement la peau des fesses de divers animaux, au départ des ânes, des chèvres, des onagres. Ce cuir avait des qualités de souplesse, de finesse et de solidité recherchées en reliure. Il se trouve qu'il était aussi grenu (surtout celui des chèvres si j'ai bien tout compris) et présentait sous les doigts de petites aspérités. Cette qualité appréciée des amateurs de livres fut donc accentuée. On pressa, côté chair des petites graines dures sur la peau, préalablement mouillée, avant de la faire sécher, avec les graines. Quand on les enlevait on obtenait une peau encore plus grenue que l'on pouvait travailler.
On appelle cette technique, qui a beaucoup évolué mais existe toujours, le chagrinage et cette opération coûteuse, réservée aujourd'hui aux livres de grand luxe vaut... la peau des fesses.

Écrire circoncise au lieu de circonscrite dans un commentaire parlant d’un morceau de peau, joli lapsus

a écrit : Écrire circoncise au lieu de circonscrite dans un commentaire parlant d’un morceau de peau, joli lapsus Je suis d'accord c'est un jolie lapsus. Mais je n'aurais pas dit circonscrite qui determine plutôt une limitation à un lieu par exemple. Le bon terme serait concis qui veut dire en peu de mots.

a écrit : Je suis d'accord c'est un jolie lapsus. Mais je n'aurais pas dit circonscrite qui determine plutôt une limitation à un lieu par exemple. Le bon terme serait concis qui veut dire en peu de mots. On parle de la vie qui est contenue dans le morceau de peau, donc rien à voir avec la concision.

C'est bien circonscrite, j'accuserais bien le correcteur, mais je pense que j'ai tout à fait pu avoir un bug personnel.
Raphaël, le personnage achete cette peau magique qui exhausse tous ses voeux, avec un coût : plus le vœu est important (richesse, succès) plus il est coûteux. A chaque voeu, la peau de chagrin rétrécit en proportion du "coût" du vœu. Il gaspille très vite sa peau dans des souhaits démesurés. La longueur de sa vie et toutes les conséquences qui vont avec sont liées à la taille de la peau. Il vieillit, tombe malade, dépérit et malgré toutes sa fortune, personne ne peut le soigner... A chaque souhait même anodin, il est exhaussé et la peau, donc sa vie sont rétrécis, impactés. C'est là qu'il choisit de vivre en reclus, pour ne plus rien souhaiter et ne plus faire autre chose que survivre. Sa vie est bien circonscrite dans la peau de chagrin.

a écrit : On n’exhausse pas les vœux:
au mieux on les exauce
Décidément ! J'ai été enseignante et formatrice, j'enseignais la grammaire, l'orthographe, entre autres. J'ai écrit trois livres, la correctrice m'a appelée pour me dire de ne pas perdre de temps dans la relecture, puisqu'elle était payée pour ça, je n'avais pas relu, conformément à la demande de mon éditrice. Et maintenant, même en relisant plusieurs fois, je laisse passer des erreurs énormes, je mélange les mots homophones, j'oublie les accords. C'est complètement alien pour moi.
Je sais d'où ça vient, donc ça ne m'inquiète pas, on appelle ça un brouillard cognitif et c'est dû aux lourds traitements que j'ai eu. Ça reste super bizarre, comme si les mots étaient déguisés quand je les relis.
Avant, j'avais une sorte de "radar" à la fin de l'écriture d'un mot, s'il était mal orthographié ou mal accordé, je le voyais et je corrigeais. J'ai perdu ce radar et comme je suis aphantasique, je ne peux absolument pas compter sur ma mémoire visuelle pour m'aider.
Bref.
Les souris du protocole dont j'ai parlé sur une autre anecdote, elles avaient aussi des soucis cognitifs avec les traitements, qu'on a pu généraliser aux humains.
Freud n'a rien avoir avec tout ça, je ne fais pas de labsus, j'ai mon radar en panne.

a écrit : Écrire circoncise au lieu de circonscrite dans un commentaire parlant d’un morceau de peau, joli lapsus Pendant qu'on y est, exhaussés n'est pas correct non plu dans la phrase (exhausser signifie rendre plus élevé, pas réaliser), il faut écrire exaucés ;-)

Désolé, j'ai écrit ce commentaire avant d'avoir lu l'avant dernier, et je ne peux pas le supprimer