Le Colisée de Rome retrouvera bientôt un sol amovible, comme c'était le cas dans l'Antiquité. Le stade était en effet doté d'un plancher rétractable, disparu depuis longtemps, laissant apparaitre les parties souterraines. Les futurs visiteurs pourront ainsi se tenir au centre de l'arène, pour la première fois depuis des siècles.
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J'ai l'impression que cela fait partie des choix les plus difficiles pour les historiens, conservateurs, restaurateurs d'œuvres d'art.
Jusqu'où restaurent-on un monument ou une œuvre d'art sans risquer de le ou la dénaturer ? Dans le cas d'une restauration plus poussée que de simplement conserver les ruines ou ce qu'il en reste, sur quel plans et quelle époque se base t'on ?
Je rêverais de rentrer dans un véritable Colisée à l'identique de celui qu'il était du temps de sa splendeur antique mais peut-on véritablement le faire sur les ruines de l'ancien ? (sans parler des coûts bien évidemment).
Le Colisée est resté en service pendant 500 ans et a du connaitre de nombreuses modifications durant l'empire romain. Puis au Moyen Âge, l'arêne est transformé en cimetière et une église y est construite.
Quelle époque est plus légitime qu'une autre pour le restaurer ?
Anecdote dans l'anecdote : le Colisée ne s'est jamais appelé "Colisée" du temps de l'empire Romain. Il s'appelait l'amphithéâtre Flavien. Le nom de Colisée provient du Moyen Âge.
fr.m.wikipedia.org/wiki/Charte_de_Venise
Mais après avoir discuté avec plusieurs restaurateurs (de monuments, de sculptures et et de documents papiers), plusieurs idées semblent faire consensus :
* On évite de reconstruire ce qui a été perdu au cours de l’histoire (par exemple, les façades des églises étaient souvent peintes. La peinture a disparue avec le temps. On ne la remets pas). Par contre on peut restaurer ce qui existe encore (si une peinture existe mais menace de disparaître). Donc normalement une ruine ne sera jamais reconstruite.
Pour résumer, on fait de la restauration, mais pas de reconstruction.
* Si on doit construire quelque chose (aménagements pour l’accessibilité, la sécurité, ou la sauvegarde de l’œuvre), on le fait de manière réversible. Tout doit pouvoir être enlevé sans laisser aucune trace.
Par exemple, pour recoller un document papier déchiré, il y a une technique qui permets de « scotcher » deux bouts entre-eux, mais qui s’enlève très facilement à la vapeur. Comme ça, si un jour une meilleur technique de restauration est trouvée, elle pourra être utilisée sans problème.
* Toutes les modifications sont documentées, aussi bien sur ce qui a été fait, que sur la technique utilisée.
* Un spécialiste du domaine doit pouvoir détecter toutes les modifications facilement. C’est pour faciliter le travail des historiens du futur. Donc on évite d’utiliser des techniques et des matériaux d’époque.
Ces points ne sont pas toujours faisables, et parfois il faut prendre des décisions entre les modifications apportées à l’œuvre et sa sauvegarde.
Par exemple, pour installer une centrale de détection incendie, il faut percer pour faire passer des câbles. Personne n’ira contester ça.
Par contre, d’autres cas sont plus délicats. L’exemple typique, c’est la restauration d’une des flèches de la basilique de Saint-Denis. Elle a été commencée en 1847, mais le travail ne débute réellement qu’en ce moment. Est-ce-que c’est toujours une restauration, ou est-ce une reconstruction ? Il n’y a pas de bonne réponse à cette question.
Edit pour répondre à SébastienZ : les restaurations de Viollet-le-Duc sont très contestées, on ne va pas se mentir. Mais je ne vais pas lui jeter la pierre. Il a fait ça à une époque où la conservation du patrimoine n’était pas du tout ce qu’elle est aujourd’hui. Sans son travail, beaucoup de monuments n’existeraient même plus aujourd’hui.
Alors oui, c’était de la boucherie, mais de la boucherie nécessaire dans le contexte de l’époque.
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J'ai l'impression que cela fait partie des choix les plus difficiles pour les historiens, conservateurs, restaurateurs d'œuvres d'art.
Jusqu'où restaurent-on un monument ou une œuvre d'art sans risquer de le ou la dénaturer ? Dans le cas d'une restauration plus poussée que de simplement conserver les ruines ou ce qu'il en reste, sur quel plans et quelle époque se base t'on ?
Je rêverais de rentrer dans un véritable Colisée à l'identique de celui qu'il était du temps de sa splendeur antique mais peut-on véritablement le faire sur les ruines de l'ancien ? (sans parler des coûts bien évidemment).
Le Colisée est resté en service pendant 500 ans et a du connaitre de nombreuses modifications durant l'empire romain. Puis au Moyen Âge, l'arêne est transformé en cimetière et une église y est construite.
Quelle époque est plus légitime qu'une autre pour le restaurer ?
Anecdote dans l'anecdote : le Colisée ne s'est jamais appelé "Colisée" du temps de l'empire Romain. Il s'appelait l'amphithéâtre Flavien. Le nom de Colisée provient du Moyen Âge.
fr.m.wikipedia.org/wiki/Charte_de_Venise
Mais après avoir discuté avec plusieurs restaurateurs (de monuments, de sculptures et et de documents papiers), plusieurs idées semblent faire consensus :
* On évite de reconstruire ce qui a été perdu au cours de l’histoire (par exemple, les façades des églises étaient souvent peintes. La peinture a disparue avec le temps. On ne la remets pas). Par contre on peut restaurer ce qui existe encore (si une peinture existe mais menace de disparaître). Donc normalement une ruine ne sera jamais reconstruite.
Pour résumer, on fait de la restauration, mais pas de reconstruction.
* Si on doit construire quelque chose (aménagements pour l’accessibilité, la sécurité, ou la sauvegarde de l’œuvre), on le fait de manière réversible. Tout doit pouvoir être enlevé sans laisser aucune trace.
Par exemple, pour recoller un document papier déchiré, il y a une technique qui permets de « scotcher » deux bouts entre-eux, mais qui s’enlève très facilement à la vapeur. Comme ça, si un jour une meilleur technique de restauration est trouvée, elle pourra être utilisée sans problème.
* Toutes les modifications sont documentées, aussi bien sur ce qui a été fait, que sur la technique utilisée.
* Un spécialiste du domaine doit pouvoir détecter toutes les modifications facilement. C’est pour faciliter le travail des historiens du futur. Donc on évite d’utiliser des techniques et des matériaux d’époque.
Ces points ne sont pas toujours faisables, et parfois il faut prendre des décisions entre les modifications apportées à l’œuvre et sa sauvegarde.
Par exemple, pour installer une centrale de détection incendie, il faut percer pour faire passer des câbles. Personne n’ira contester ça.
Par contre, d’autres cas sont plus délicats. L’exemple typique, c’est la restauration d’une des flèches de la basilique de Saint-Denis. Elle a été commencée en 1847, mais le travail ne débute réellement qu’en ce moment. Est-ce-que c’est toujours une restauration, ou est-ce une reconstruction ? Il n’y a pas de bonne réponse à cette question.
Edit pour répondre à SébastienZ : les restaurations de Viollet-le-Duc sont très contestées, on ne va pas se mentir. Mais je ne vais pas lui jeter la pierre. Il a fait ça à une époque où la conservation du patrimoine n’était pas du tout ce qu’elle est aujourd’hui. Sans son travail, beaucoup de monuments n’existeraient même plus aujourd’hui.
Alors oui, c’était de la boucherie, mais de la boucherie nécessaire dans le contexte de l’époque.
@grugal : merci également pour cette réponse fort documentée. On peut également citer le château du Haut-Koenigsbourg qui fut quasiment rasé à la fin du 17e puis reconstruit à l'identique en 1908 sur base des plans du XVe siècle avec toutes les polémiques qui en découlent sur les hypothèses prises. Le château est magnifique mais on ne peut s'empêcher de penser qu'on visite une réplique factice et non un véritable château-fort.
Donc on pourrait le "reconstruire" et lui redonner l'apparence et la fonction qu'il avait au temps de sa splendeur, mais à condition de pouvoir identifier et enlever ce qui aura été fait?
Franchement, je trouve que c'est une bonne idée, ca ferait de sacrés spectacles, il suffit de voir à quel point le "Puy du Fou" cartonne, mais bon, ce n'est que mon avis.
Ils comptent aussi refaire la partie de l'enceinte qui s'est effondrée? M'étonnerait, la ca risque de bien couiner.
P.S, je comprends mieux le casse-tête de la restauration d'Angkor-Vat, pour le moment, on en est à se demander quelle pierre va où... ca va prendre un peu de temps, je dis! ^^
Je ne sais pas si cela est prévu dans une des nombreuses éditions d'"assassin's Creed"...
Pour le reste, cela n'est pas toujours simple d'estimer ce qui revêt une importance historique. Dans certains projets immobiliers, on est obligé de garder des façades dites "historiques" qui pourtant n'ont "que" 70 ou 80 ans et qui ne sont pas foncièrement jolies d'ailleurs mais ça c'est encore plus subjectif.
S'il devait y avoir un débat populaire "faudrait-il le refaire tel qu'il était réellement, ou tel qu'il est dans l'imaginaire des gens", je pense que cela pourrait durer longtemps !
Cette restauration complète de l’arène permettra d’immerger plus encore les visiteurs au cœur du monument le plus emblématique de l’Empire romain en se rapprochant aussi fidèlement que possible de la mécanique scénique qui animait les jeux de l’époque flavienne. L’autre avantage de cette rénovation d’envergure est d’améliorer la conservation archéologique du lieu. En effet, le renouvellement de l’air du souterrain sera optimisé grâce à 24 unités de ventilation mécanique réparties sur tout le périmètre du Colisée. La mobilité flexible des panneaux de bois favorise par ailleurs l’éclairage naturel des sous-sols et la récupération de l’eau de pluie en assurant une meilleure protection des ruines.
L'agrandissement prévu du plancher permettra en revanche d'augmenter drastiquement le nombre de spectateurs dans la fosse lors des concerts (On ne peut pas s'asseoir sur les pentes et la scène mange généralement une énorme partie du plancher actuel).
En plus, l'arène est trop petite pour y faire un terrain de football, donc la restauration n'aurait aucun intérêt pour un italien :)
La question de la reconstruction pourrait un peu plus se poser côté cirque Maxime, qui n'est quasiment plus qu'une étendue d'herbe.
Mais l'état actuel n'empêche en rien de faire d'énormes concerts, celui des Rolling Stones ayant attiré 70.000 personnes (ce qui reste balaise mais bien inférieur à la capacité originelle de 300.000)