Le miracle capétien a mis des hommes à la tête de la France

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Le miracle Capétien est un phénomène incroyablement improbable. Le premier enfant du roi de France a été un garçon de 987 à 1316 sans discontinuité. Cela fait 13 rois d'affilée, défiant toute statistique. C'est ce qui a donné le caractère héréditaire à la monarchie française, normalement élective.

Ce "miracle" a donné un énorme prestige aux Capétiens, faisant d'eux la plus prestigieuse, puissante et répandue des dynasties royales européennes. La fin de ce miracle, conjugué à l'affaire de la tour de Nesle et à une malchance de 3 frères sans fils, a eu pour conséquence la guerre de Cent Ans.


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a écrit : Merci de cet exposé précis et clair, répondant à mes vœux de 10:45.

J'aimerais connaître votre avis sur la question suivante. Lors de la Guerre de Cent Ans, être anglais ou français dépendait d'une reconnaissance de la légitimité du roi, sans aucun rapport avec l'ethnicité. Quand, non pas Je
anne d'Arc mais ses successeurs ont "bouté les Anglais hors de France", il s'agissait de quelques soldats et surtout, encore, de la reconnaissance de légitimité d'un roi. Il n'y a pas eu de mouvement important de population.
Donc, vu l'extension de la domination anglaise en France, alors réduite à bien peu, presque tous les Français "de souche" n'ont-ils pas des ancêtres anglais?
La différence n'est-elle pas qu'un jeu sur les mots?
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Plusieurs choses :
Qu'est ce que vous entendez par ethnicité ? Car les Anglais étaient des Angles et des Saxons donc, des Germaniques. Les Français étaient des Francs et des Saxons (la quasi totalité des noms de communes sont saxons en Picardie), donc des Germaniques aussi.

Ensuite, que savez vous des mouvements de population sous l'occupation ? Les historiens estiment que le sentiment national est apparu en France sous Philippe Auguste, avec la bataille de Bouvines et la première apparition du terme "Royaume de France". Au moment de la guerre de cent ans, la population se considérait déjà française et vivait très mal la présence des Anglais sur le territoire. Aujourd'hui encore, en Picardie, on a une certaine méfiance vis à vis de ces "cochons d'anglais" tant on les a détesté.

Enfin, occupation ne veut pas dire colonisation. Comme la Gaule romaine qui n'avait de romaines que les institutions et l'architecture, car des Romains, on n'en a pas vu beaucoup. Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vaincu et ils sont repartis non sans laisser leurs partisans au pouvoir et quelques hommes pour contrôler.
Pour en revenir aux Anglais, il est vrai qu'ils ont entièrement remplacé la population de Calais. Après la prise de la ville, ils ont expulsé tous les partisans du Roi de France et ont fait venir des familles d'Angleterre pour les remplacer. Ce n'est pas le cas, ailleurs, à ma connaissance.
On peut aussi comparer cette situation avec l'occupation allemande en 1940 : ils étaient là et ils commandaient, mais la population restait française. A moins de joueur sur les mots et de dire que, puisque les Allemands occupaient la France, alors nos grands parents étaient Allemands...

Commentaire supprimé Si ils avaient flingué les filles, je ne serais pas là en train de vous écrire...

a écrit : Plusieurs choses :
Qu'est ce que vous entendez par ethnicité ? Car les Anglais étaient des Angles et des Saxons donc, des Germaniques. Les Français étaient des Francs et des Saxons (la quasi totalité des noms de communes sont saxons en Picardie), donc des Germaniques aussi.

Ensuite, que savez v
ous des mouvements de population sous l'occupation ? Les historiens estiment que le sentiment national est apparu en France sous Philippe Auguste, avec la bataille de Bouvines et la première apparition du terme "Royaume de France". Au moment de la guerre de cent ans, la population se considérait déjà française et vivait très mal la présence des Anglais sur le territoire. Aujourd'hui encore, en Picardie, on a une certaine méfiance vis à vis de ces "cochons d'anglais" tant on les a détesté.

Enfin, occupation ne veut pas dire colonisation. Comme la Gaule romaine qui n'avait de romaines que les institutions et l'architecture, car des Romains, on n'en a pas vu beaucoup. Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vaincu et ils sont repartis non sans laisser leurs partisans au pouvoir et quelques hommes pour contrôler.
Pour en revenir aux Anglais, il est vrai qu'ils ont entièrement remplacé la population de Calais. Après la prise de la ville, ils ont expulsé tous les partisans du Roi de France et ont fait venir des familles d'Angleterre pour les remplacer. Ce n'est pas le cas, ailleurs, à ma connaissance.
On peut aussi comparer cette situation avec l'occupation allemande en 1940 : ils étaient là et ils commandaient, mais la population restait française. A moins de joueur sur les mots et de dire que, puisque les Allemands occupaient la France, alors nos grands parents étaient Allemands...
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Une façon simple de s'en rendre compte, ce sont les noms de familles. Prenez un registre d'Etat Civil du XVIIème siècle dans une commune qui a été sous domination anglaise pendant le Moyen Age et regardez combien de noms sont de consonance britannique. Quasiment aucun.

a écrit : Une façon simple de s'en rendre compte, ce sont les noms de familles. Prenez un registre d'Etat Civil du XVIIème siècle dans une commune qui a été sous domination anglaise pendant le Moyen Age et regardez combien de noms sont de consonance britannique. Quasiment aucun. Beaucoup d'approximations ...
Le Français ne sont a l'origine aucunement saxon mais francs et celtes
Et il y a eu occupation romaine ce qui a permis le syncrétisme culturel et ce qu'on appelle les gallo-romains

Ce "miracle capétien" est sans doute moins improbable que ce qu'une estimation probabiliste peut laisser supposer (une chance sur 2^13, soit une chance sur 8186). Les avancées de la biologie évolutive nous apprennent que le sex-ratio d'une descendance peut être influencé par des stratégies de maximisation de la valeur reproductive qui agissent en fonction de l'environnement (très spécifique dans le cas d'une famille royale). Plus d'infos dans le manuel De Boeck "Biologie évolutive".

Évidemment, comment ne pas simplement penser qu'ils "cachaient" les filles !!

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a écrit : Donc en France chez l'humain le ratio de naissance est de 105 garçons pour 100 filles. Pour la planète c'est 107 garçons pour 100 filles.
Voila avec ces nouvelles données tu peux affiner ton calcul ;)
Si on prend une probabilité moyenne de 51,5 % d'avoir un garçon, pour 13 garçons d'affilé la proba est de 0,018 % soit 1 chance sur 5600 environ (contre 8200 auparavant)... Ça fait un petit écart ^_^

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a écrit : Sauf que vous ne tenez pas en compte le fait que Louis X et Philippe V avaient tous deux une descendance par leurs filles. Ainsi, même sans loi salique, le roi d'Angleterre n'avait absolument aucune chance d'accéder au trône de France.
Cela donnait, par ordre de succession après le décès de Philip
pe IV :
1 Louis X, défunt
2 Jeanne, sa fille, épouse de Philippe III d'Evreux et descendants
3 Philippe V, défunt
4 Jeanne, sa fille, épouse de Eudes IV de Bourgogne et descendants
5 Marguerite, soeur, épouse de Louis de Flandres et descendants (dont moi)
6 Charles IV, défunt
7 les deux filles de Charles IV, défuntes sans descendance
8 Edouard III d'Angleterre, par sa mère Isabelle, fille de Philippe IV
9 Les Valois (par le frère de Philippe IV)

Comme vous pouvez le constater, il y avait du monde avant Edouard III et il le savait très bien ; c'est pourquoi lors de l'accession au trône de Philippe VI, il a rendu hommage au nouveau Roi sans problème pour ses terres en France. Il savait pertinemment que si il dénonçait la loi salique, d'autres héritiers passeraient avant lui et que cela ne lui apporterait rien du tout.

La raison de la guerre de cent ans, il faut la chercher ailleurs, en Écosse, Philippe VI soutenant ouvertement David II contre Édouard III dans la guerre qui opposait alors ces deux derniers monarques. Rien à voir avec la France, donc, si ce n'est pour la propagande.
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Sauf qu'il y a deux dimensions la loi salique. Donc ce que vous dite n'est pas exact.
Dans un premier temps en 1316, à la mort du nourrisson jean 1er le posthume, le descendant le plus proche est pour la première fois (voir l'anecdote) une femme. Cela n'aurait peut être pas posé de problème si elle n'avait pas 5 ans à ce moment et surtout si sa mère n'avait pas trompée son époux le roi. Personne ne savais si la petite Jeanne était légitime. Donc le frère du roi, Philippe, a inventé la "loi salique" qui dit qu'une femme ne peut régner. Premier temps. Ça aurait pu se finir là.
Manque de bol, Philippe puis son frère Charles, tour à tour roi, meurt avec que des filles. Donc l'arroseur arrosé ! Les femmes ne pouvant plus régner, il y a deux prétendants, deux cousins. Le plus proche est le roi d'Angleterre et est rattaché aux capetiens par une femme, l'autre est plus éloigné mais est français et ne passe que par des hommes.
Pour éviter de se retrouver avec un roi anglais (preuve du sentiment national) on ressort du chapeau magique la loi salique. Cette fois on dit, en plus qu'elles n'ont pas le droit de régner, les femmes ne peuvent pas transmettre de prétentions (ce n'est pas pareil, nuance qui fait que vous vous trompez). Voilà comment évincer un candidat qu'on ne veut pas. C'est le deuxième temps.
Si on s'arrête au premier temps, à la première interprétation donné à la loi salique, le roi légitime est bien Édouard... au moment ou meurt le dernier roi capetiens directe (le 3eme frère de l'anecdote) Édouard est le roi légitime de France. Les juristes, pour satisfaire les nobles qui n'en voulaient pas, en ont décidés autrement.

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a écrit : Sans les mathématiques, les matheux seraient dans l'embarras pour discuter et échanger. La connaissance des arts et des lettres n'est pas inaccessible aux matheux, et il y en a de fort cultivés.
Mais ceux qui ne comprennent rien en maths vivent, ou plutôt survivent, dans un univers de connaissances scientifiques complètement verrouillées pour eux et deviennent des ilotes, ou des consommateurs passifs.

Cela me rappelle une discussion avec une linguiste sur l'adamisme des langues (toutes seraient dérivées d'une seule); j'avais besoin de notions mathématiques que je présentais de la manière la plus simple quoiqu'exacte possible, pensant parler à une littéraire. Elle a bien ri in petto, en me laissant baratiner, avant de m'apprendre qu'elle était sortie de Norm' Sup en maths puis orientée vers la linguistique.

Les maths sont en effet une clef universelle des connaissances. Amateurs d'approximations vaseuses et de charabia s'abstenir. Si une pièce attribuée à Shakespeare vient d'être officiellement déclarée comme au plus œuvre de collaboration par Oxford Press, ce n'est pas aux critiques littéraires qu'on le doit, mais aux matheux.

a écrit : Sauf qu'il y a deux dimensions la loi salique. Donc ce que vous dite n'est pas exact.
Dans un premier temps en 1316, à la mort du nourrisson jean 1er le posthume, le descendant le plus proche est pour la première fois (voir l'anecdote) une femme. Cela n'aurait peut être pas posé de problème s
i elle n'avait pas 5 ans à ce moment et surtout si sa mère n'avait pas trompée son époux le roi. Personne ne savais si la petite Jeanne était légitime. Donc le frère du roi, Philippe, a inventé la "loi salique" qui dit qu'une femme ne peut régner. Premier temps. Ça aurait pu se finir là.
Manque de bol, Philippe puis son frère Charles, tour à tour roi, meurt avec que des filles. Donc l'arroseur arrosé ! Les femmes ne pouvant plus régner, il y a deux prétendants, deux cousins. Le plus proche est le roi d'Angleterre et est rattaché aux capetiens par une femme, l'autre est plus éloigné mais est français et ne passe que par des hommes.
Pour éviter de se retrouver avec un roi anglais (preuve du sentiment national) on ressort du chapeau magique la loi salique. Cette fois on dit, en plus qu'elles n'ont pas le droit de régner, les femmes ne peuvent pas transmettre de prétentions (ce n'est pas pareil, nuance qui fait que vous vous trompez). Voilà comment évincer un candidat qu'on ne veut pas. C'est le deuxième temps.
Si on s'arrête au premier temps, à la première interprétation donné à la loi salique, le roi légitime est bien Édouard... au moment ou meurt le dernier roi capetiens directe (le 3eme frère de l'anecdote) Édouard est le roi légitime de France. Les juristes, pour satisfaire les nobles qui n'en voulaient pas, en ont décidés autrement.
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Et c'est bien dommage, imaginez comment l'Europe aurait été différente si les deux plus grand états de la fin du Moyen âge en étaient devenu un seul. Fini les siècles de guerres franco-anglais, on serait peut être (sans doute) encore sous monarchie constitutionnelle, etc... et surtout la construction européenne aurait été bien différente.

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a écrit : Et c'est bien dommage, imaginez comment l'Europe aurait été différente si les deux plus grand états de la fin du Moyen âge en étaient devenu un seul. Fini les siècles de guerres franco-anglais, on serait peut être (sans doute) encore sous monarchie constitutionnelle, etc... et surtout la construction européenne aurait été bien différente. Afficher tout Impossible de savoir les conséquences, elles sont bien trop vastes et imprévisibles.
Je pense que rien n'aurait été comme aujourd'hui, bien plus que la simple construction européenne. Car ça aurait changé tout les plus grands événements politiques mondiaux. La colonisation, les guerres mondiales. Ça donne le vertige..
Je ne sais pas si c'était souhaitable, et nous ne le serons jamais.

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a écrit : Plusieurs choses :
Qu'est ce que vous entendez par ethnicité ? Car les Anglais étaient des Angles et des Saxons donc, des Germaniques. Les Français étaient des Francs et des Saxons (la quasi totalité des noms de communes sont saxons en Picardie), donc des Germaniques aussi.

Ensuite, que savez v
ous des mouvements de population sous l'occupation ? Les historiens estiment que le sentiment national est apparu en France sous Philippe Auguste, avec la bataille de Bouvines et la première apparition du terme "Royaume de France". Au moment de la guerre de cent ans, la population se considérait déjà française et vivait très mal la présence des Anglais sur le territoire. Aujourd'hui encore, en Picardie, on a une certaine méfiance vis à vis de ces "cochons d'anglais" tant on les a détesté.

Enfin, occupation ne veut pas dire colonisation. Comme la Gaule romaine qui n'avait de romaines que les institutions et l'architecture, car des Romains, on n'en a pas vu beaucoup. Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vaincu et ils sont repartis non sans laisser leurs partisans au pouvoir et quelques hommes pour contrôler.
Pour en revenir aux Anglais, il est vrai qu'ils ont entièrement remplacé la population de Calais. Après la prise de la ville, ils ont expulsé tous les partisans du Roi de France et ont fait venir des familles d'Angleterre pour les remplacer. Ce n'est pas le cas, ailleurs, à ma connaissance.
On peut aussi comparer cette situation avec l'occupation allemande en 1940 : ils étaient là et ils commandaient, mais la population restait française. A moins de joueur sur les mots et de dire que, puisque les Allemands occupaient la France, alors nos grands parents étaient Allemands...
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Le peuple n'avait certainement aucun sentiment national au sens actuel, seulement celui d'appartenir à une petite aire parlant les mêmes variantes de langage et coutume.

La présence anglaise était effectivement mal vécue à cause des exactions, et Jeanne d'Arc a surtout été un détonateur psychologique, car comme chef d'armée, qu'elle n'était d'ailleurs pas, on faisait mieux. Les villes de la Loire se soumettaient les unes après les autres, tenues par de maigres garnisons d'Anglais ou mercenaires; jusqu'à Orléans, qui à la surprise générale a résisté. Savoir, pour le peuple qui restait sur place sauf exception, qui était leur Roi, conclusion de débats dynastiques et juridico-religieux, cela leur importait peu.

en.wikipedia.org/wiki/English_claims_to_the_French_throne

Traitait-on en Picardie les Anglais de cochons quand ils se faisaient tuer dans la bataille de la Somme (en gros 400,000 morts pour 200,000 Français)?

Exporter des populations pour occuper un pays n'est pas une pratique rare (Britanniques en Irlande, Chinois au Tibet, ...).

Même ceux qui disaient que la victoire allemande était souhaitée, ou une divine surprise, n'ont pas obtenu la citoyenneté allemande. Ressortir d'un pays donne des avantages; mais la question ne se posait pas en ces termes à l'époque.

Alors non, le miracle capétien est le fait qu'il y ait eu une succession de 13 rois de père en fils entre 987 et 1316, mais certains rois ont d'abord eu une fille. Le premier enfant d'Hugues Capet était une fille.

Mêmes les sources ne disent pas que le premier enfant des rois était toujours un fils.

ce qui me faire penser qu'il y a très certainement du y avoir des infanticides de filles cachés à la population pour faire croire à ce "miracle"

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a écrit : Juste pour savoir, à quelle point ce miracle ne respecte pas les stats ? Quelle était la chance pour que ça arrive ? Petit calcul tout bête (peut être faux ? ) en disant qu'on a une chance sur deux d'avoir un garçon à chaque fois: 13 garçons d'affilé soit (1/2)^13=0,0001 soit une chance sur 10000 !

a écrit : ce qui me faire penser qu'il y a très certainement du y avoir des infanticides de filles cachés à la population pour faire croire à ce "miracle" Mais pourquoi infanticide? Il suffisait de mettre sa fille en réserve dans un couvent, non? Et ça pouvait toujours servir plus tard pour une alliance.

a écrit : Quand je parlais de "coup de pouce" je ne pensais pas à une solution si radicale et dangereuse que tuer, mais à un placement dans un couvent ou une famille (noble) d'accueil. Commentaire devenu incompréhensible car écrit en réponse à des textes supprimés.
En donnant le résultat du calcul de probabilités, je suggérais que les déclarations officielles avaient été manipulées.

a écrit : Mais pourquoi infanticide? Il suffisait de mettre sa fille en réserve dans un couvent, non? Et ça pouvait toujours servir plus tard pour une alliance. eh bien pour garder le "prestige" et continuer a faire croire au peuple que le premier enfant est toujours un garçon
certains tuent pour moins que ça pour asseoir leur pouvoir

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Je vois que pas mal de choses ont été dites depuis ce matin, mais une a attiré mon attention en particulier : concernant la Guerre de Cent Ans, comme on peut l'imaginer, elle a plusieurs causes différentes. Que les français aient encouragé les écossais est bien possible, qu'Édouard III ait vu la couronne de France lui passer sous le nez est un fait établi, mais il y a autre chose. Et c'est là que c'est épique :D

Le roi de France Philippe IV n'était pas du genre à s'embarrasser de coutumes, il a entre autres décidé de s'approprier des seigneuries plus ou moins illégitimement, et donc d'exproprier des seigneurs. Certains de ces seigneurs ont donc essayé de faire passer sa femme pour adultérine histoire d'invalider le mariage du roi, et de lui faire rendre sa dot, qui consistait donc en certaines des seigneuries qui ont été saisies (peut être toutes, je n'en sais rien). Philippe IV a fini par se laisser convaincre et les seigneurs expropriés ont récupéré leurs terres.

En revanche, les 3 fils qui ont régné après Philippe IV étaient eux au contraire convaincus de l'innocence de leur mère. À commencer par Louis X qui a profité de son court règne pour récupérer les terres dont s'est accaparé son père, et également condamner les seigneurs coupables de complot. J'ai connaissance d'au moins un de ces seigneurs qui est allé ensuite se réfugier dans la cour d'Angleterre auprès d'Édouard III, à savoir Robert III d'Artois.

Quand en 1328, le roi est un Valois (Philippe VI donc), Édouard III pète un plomb et a d'autant plus de raisons d'attaquer la France. Et suite aux condamnations prononcées par Louis X, Édouard III sait qu'il peut compter sur le soutien d'un certain nombre de seigneurs françois, ainsi que les armées qui vont avec. C'est pourquoi en 1337, il déclare la guerre à la France. L'Angleterre finira par conquérir quelques territoires aujourd'hui en France, mais n'imposera au final qu'une autorité militaire. On ne peut pas dire que la culture angloise se soit franchement répandue en France.

PS : et encore, je n'ai pas parlé de la fin de la Guerre de Cent Ans parce que ce n'est pas le sujet, mais c'est tout aussi épique. J'adore cette période de l'histoire. En plus, il paraît qu'elle a inspiré Game of Thrones et franchement, je comprends pourquoi :D

PS2 : j'ai essayé de résumer ça avec mes mots, j'espère ne pas avoir oublié quoi que ce soit :D

Dernière chose que j'aimerais remettre dans le contexte : le royaume de France au 14e siècle, ce sont des nobles principalement francs (donc germains) qui dirigent un royaume descendant essentiellement de gallo romains (donc des celtes et des italiques). Le royaume de France est donc surtout composé de gallo romains, ce qui explique pourquoi les racines de la France d'aujourd'hui ne sont pas si germaniques que ça. De leur côté, les anglois étaient en bonne partie des germains (descendants d'angles / saxons / jutes / normands, toussa), mais il y avait aussi une quantité non négligeable de celtes.

a écrit : Merci de cet exposé précis et clair, répondant à mes vœux de 10:45.

J'aimerais connaître votre avis sur la question suivante. Lors de la Guerre de Cent Ans, être anglais ou français dépendait d'une reconnaissance de la légitimité du roi, sans aucun rapport avec l'ethnicité. Quand, non pas Je
anne d'Arc mais ses successeurs ont "bouté les Anglais hors de France", il s'agissait de quelques soldats et surtout, encore, de la reconnaissance de légitimité d'un roi. Il n'y a pas eu de mouvement important de population.
Donc, vu l'extension de la domination anglaise en France, alors réduite à bien peu, presque tous les Français "de souche" n'ont-ils pas des ancêtres anglais?
La différence n'est-elle pas qu'un jeu sur les mots?
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Comme plusieurs commentaires au dessus le disent, parler de nationalité est assez difficile pour l'époque, les identités étaient beaucoup plus locales, on se sentait avant tout Picard, Breton, Bourguignon, Auvergnat... Et le facteur d'unité de tout ce fatras d'identité locale était le roi, qui dominait tous ces peuples et servait de rassembleur : c'est pourquoi, comme vous l'avez dit, il s'agissait avant tout de reconnaitre la légitimité du roi : on n'était pas vraiment Français, on était surtout sujet du roi, de France ou d'Angleterre selon les cas (ou encore de l'Empereur, du roi d'Aragon ou de Navarre, ou du duc de Savoie si on augmente l'étude aux frontières actuelles de la France).

Et sous la domination anglaise, on n'a eu que peu de transferts de populations (même si ça existait, un exemple français avec la population d'Arras intégralement expulsée par Louis XI lorsqu'il reprit la ville aux Bourguignons, avant de la repeupler avec des colons "volontaires" venus de tout le royaume), ce qui fait que les populations dominées par les Anglais reconnaissaient (ou non) la souveraineté des rois anglais, mais elles-mêmes ne se sentaient pas anglaises, mais bien normandes, flamandes ou aquitaines.

Et d'ailleurs les Anglais n'étaient pas forcément rejetés par la population locale, bien au contraire, un exemple avec l'Aquitaine, les exportations de vin rouge vers l'Angleterre (les Anglais en raffolaient et en achetaient des quantités énormes) on permit un immense développement économique de la ville de Bordeaux. Même chose avec les villes de Flandres, largement enrichies par leur commerce de laine avec l'Angleterre.

Par conséquent, on devrait plutôt dire que vos Français "de souche" ont des ancêtres normands, aquitains etc, ayant été sous domination anglaise. Bien sur les mouvements de populations existaient quand même, donc on ne peut pas non plus affirmer que nous n'avons pas une goutte de sang anglais^^ Comme vous le dites, c'est avant tout un jeu sur les mots ;)