Nous avons tendance à vouloir ignorer notre propre mort

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Des chercheurs de l'Université Bar Ilan ont découvert un mécanisme de notre cerveau nous faisant ignorer la peur de la mort. Lorsqu'un sujet est soumis à l'idée de sa propre mort, le cerveau stoppe son système de prédiction tandis que l'idée de la mort d'autrui est elle traitée normalement.


Commentaires préférés (3)

Déjà, je remercie TybsXckZ pour cette anecdote et pour avoir mis un article scientifique en source, c'est franchement cool !


"Petite" explication pour ceux qui n'ont pas le courage de lire l'article :

Les auteurs utilisent ici un paradigme de vMMR (visual mismatch response), c'est à dire la réponse quand on a une information qu'on n'avait pas prédit. Le principe est ici de montrer des visages, soit de la personnes elle-même, soit d'autres gens. Ce sont les standards, abrégés STD. En plus, on peut montrer n'importe quand un déviant, qui est un mélange de 50% sois, 50% autre, qu'on appelle DEV. L'idée est qu'on prédit d'avoir un STD à chaque fois, et qu'on est donc surpris quand c'est un DEV qui arrive. Avec de la magnétoencéphalographie (MEG), on peut enregistrer les signaux dans le cerveau avec une grande précision temporelle qui permet de voir qu'à un certain moment (environ 250-300 ms après avoir vu le visage), ily a une grande différence de signal entre un STD et un DEV. Cette différence est en général interprété comme un erreur prédictive, c'est à dire une "surprise" pour une partie du cerveau qui s'attendait à autre chose.

Ils couplent ce paradigme à un "priming", c'est à dire qu'ils vont montrer pendant une seconde un mot (seul sur l'écran) au sujet avant de lui montrer l'image. Ce mot peut soit être lié à la mort (ex : mort, tombe), soit être négatif (ex : voleur, mauvais(je donne des exemples comme ça)), soit neutre.

En plus, une image avec des lunettes de soleil pouvait arriver n'importe quand et les sujets devait alors cliqué sur un bouton. Bien qu'elle soit utile, pour simplifier, on peut considérer que la tâche n'était qu'une excuse pour occuper les sujets et les empecher de se concentrer sur le vrai but de l'expérience.


Les sujets passaient l'expérience avec un casque MEG.
Les résultats sont les suivants : quand on avait d'abord montré des visages STD d'autres personnes puis des DEV, il y avait, comme attendu, un MMR, c'ets à dire une différence sur signal MEG autour de 300ms. Cette différence était présente dans tous les cas, et ne changeait pas significativement s'il était primer par des mots négatifs ou des mots liés à la mort.
Quand en revanche on a montré des visages STD du sujet puis des DEV, si les sujets étaient primé par un mot lié à la mort, il n'y avait pas de différence de signal, pas de MMR. En plus, cette différence réapparaissait quand le priming était simplement négatif, montrant donc que ca n'est pas le problème d'avoir des images de sois, mais bien l'association "sois+mort" qui empêche la surprise lié à un déviant.

Il y a donc une différence de signal, qu'on relie à une surprise liée à une mauvaise prédiction, sauf dans le cas où l'on associe une image de sois et un mot lié à la mort. L'interprétation des auteurs est que cette absence de différence est liée à une absence de prédiction (sans prédiction, pas de surprise possible, donc pas de différence de signal), et donc qu'en associant la mort à nous-même, nous arrêtons notre système prédictif, ou au moins le diminuons fortement.

Il est assez difficile de savoir si c'est le système prédictif dans son ensemble ou une partie, et les interprétation philosophique sont complexes (prédiction ça peut vouloir tout dire) mais les résultats semblent bien tendre vers cette interprétation.

a écrit : Déjà, je remercie TybsXckZ pour cette anecdote et pour avoir mis un article scientifique en source, c'est franchement cool !


"Petite" explication pour ceux qui n'ont pas le courage de lire l'article :

Les auteurs utilisent ici un paradigme de vMMR (visual
mismatch response), c'est à dire la réponse quand on a une information qu'on n'avait pas prédit. Le principe est ici de montrer des visages, soit de la personnes elle-même, soit d'autres gens. Ce sont les standards, abrégés STD. En plus, on peut montrer n'importe quand un déviant, qui est un mélange de 50% sois, 50% autre, qu'on appelle DEV. L'idée est qu'on prédit d'avoir un STD à chaque fois, et qu'on est donc surpris quand c'est un DEV qui arrive. Avec de la magnétoencéphalographie (MEG), on peut enregistrer les signaux dans le cerveau avec une grande précision temporelle qui permet de voir qu'à un certain moment (environ 250-300 ms après avoir vu le visage), ily a une grande différence de signal entre un STD et un DEV. Cette différence est en général interprété comme un erreur prédictive, c'est à dire une "surprise" pour une partie du cerveau qui s'attendait à autre chose.

Ils couplent ce paradigme à un "priming", c'est à dire qu'ils vont montrer pendant une seconde un mot (seul sur l'écran) au sujet avant de lui montrer l'image. Ce mot peut soit être lié à la mort (ex : mort, tombe), soit être négatif (ex : voleur, mauvais(je donne des exemples comme ça)), soit neutre.

En plus, une image avec des lunettes de soleil pouvait arriver n'importe quand et les sujets devait alors cliqué sur un bouton. Bien qu'elle soit utile, pour simplifier, on peut considérer que la tâche n'était qu'une excuse pour occuper les sujets et les empecher de se concentrer sur le vrai but de l'expérience.


Les sujets passaient l'expérience avec un casque MEG.
Les résultats sont les suivants : quand on avait d'abord montré des visages STD d'autres personnes puis des DEV, il y avait, comme attendu, un MMR, c'ets à dire une différence sur signal MEG autour de 300ms. Cette différence était présente dans tous les cas, et ne changeait pas significativement s'il était primer par des mots négatifs ou des mots liés à la mort.
Quand en revanche on a montré des visages STD du sujet puis des DEV, si les sujets étaient primé par un mot lié à la mort, il n'y avait pas de différence de signal, pas de MMR. En plus, cette différence réapparaissait quand le priming était simplement négatif, montrant donc que ca n'est pas le problème d'avoir des images de sois, mais bien l'association "sois+mort" qui empêche la surprise lié à un déviant.

Il y a donc une différence de signal, qu'on relie à une surprise liée à une mauvaise prédiction, sauf dans le cas où l'on associe une image de sois et un mot lié à la mort. L'interprétation des auteurs est que cette absence de différence est liée à une absence de prédiction (sans prédiction, pas de surprise possible, donc pas de différence de signal), et donc qu'en associant la mort à nous-même, nous arrêtons notre système prédictif, ou au moins le diminuons fortement.

Il est assez difficile de savoir si c'est le système prédictif dans son ensemble ou une partie, et les interprétation philosophique sont complexes (prédiction ça peut vouloir tout dire) mais les résultats semblent bien tendre vers cette interprétation.
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Vu la taille du commentaire, autant lire l'article... XD

Je me permets une interprétation philosophique qui expliquerait le fait qu'on ne peut pas associer l'idée la mort à celle de soi-même.

Comme le disaient les philosophes antiques, et notamment Épicure, la mort n'est rien pour nous. Si je suis vivant, la mort n'est pas là, et si je suis mort, je ne suis plus là pour la penser. On ne peut donc jamais expérimenter la mort.
Et même quand c'est autrui qui meurt, je n'expérimente pas la mort, j'expérimente la disparition comme l'explique Heidegger. Je vis la mort sur le mode de la survivance. "Je" suis là, "il" n'est plus là, "je" suis ici, "il" est ailleurs.
Je peux facilement constater l'absence de l'autre, mais il m'est impossible de constater ma propre absence car je dois être là pour constater.
La mort, ce ne plus être, or je dois être pour expérimenter, pour concevoir.

Il est donc normal que le cerveau ne puisse cocevoir son impossibilité à penser. Parce que là encore, il penserait.


Tous les commentaires (14)

C'est donc pour ça que le personnage principal dans les films se jette devant sa bien aimée pour prendre la balle à sa place. Rien à voir avec de l'héroïsme.

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android

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effectivement, quand c'est vraiment foutu, il n'est plus utile d'avoir peur de la mort

Déjà, je remercie TybsXckZ pour cette anecdote et pour avoir mis un article scientifique en source, c'est franchement cool !


"Petite" explication pour ceux qui n'ont pas le courage de lire l'article :

Les auteurs utilisent ici un paradigme de vMMR (visual mismatch response), c'est à dire la réponse quand on a une information qu'on n'avait pas prédit. Le principe est ici de montrer des visages, soit de la personnes elle-même, soit d'autres gens. Ce sont les standards, abrégés STD. En plus, on peut montrer n'importe quand un déviant, qui est un mélange de 50% sois, 50% autre, qu'on appelle DEV. L'idée est qu'on prédit d'avoir un STD à chaque fois, et qu'on est donc surpris quand c'est un DEV qui arrive. Avec de la magnétoencéphalographie (MEG), on peut enregistrer les signaux dans le cerveau avec une grande précision temporelle qui permet de voir qu'à un certain moment (environ 250-300 ms après avoir vu le visage), ily a une grande différence de signal entre un STD et un DEV. Cette différence est en général interprété comme un erreur prédictive, c'est à dire une "surprise" pour une partie du cerveau qui s'attendait à autre chose.

Ils couplent ce paradigme à un "priming", c'est à dire qu'ils vont montrer pendant une seconde un mot (seul sur l'écran) au sujet avant de lui montrer l'image. Ce mot peut soit être lié à la mort (ex : mort, tombe), soit être négatif (ex : voleur, mauvais(je donne des exemples comme ça)), soit neutre.

En plus, une image avec des lunettes de soleil pouvait arriver n'importe quand et les sujets devait alors cliqué sur un bouton. Bien qu'elle soit utile, pour simplifier, on peut considérer que la tâche n'était qu'une excuse pour occuper les sujets et les empecher de se concentrer sur le vrai but de l'expérience.


Les sujets passaient l'expérience avec un casque MEG.
Les résultats sont les suivants : quand on avait d'abord montré des visages STD d'autres personnes puis des DEV, il y avait, comme attendu, un MMR, c'ets à dire une différence sur signal MEG autour de 300ms. Cette différence était présente dans tous les cas, et ne changeait pas significativement s'il était primer par des mots négatifs ou des mots liés à la mort.
Quand en revanche on a montré des visages STD du sujet puis des DEV, si les sujets étaient primé par un mot lié à la mort, il n'y avait pas de différence de signal, pas de MMR. En plus, cette différence réapparaissait quand le priming était simplement négatif, montrant donc que ca n'est pas le problème d'avoir des images de sois, mais bien l'association "sois+mort" qui empêche la surprise lié à un déviant.

Il y a donc une différence de signal, qu'on relie à une surprise liée à une mauvaise prédiction, sauf dans le cas où l'on associe une image de sois et un mot lié à la mort. L'interprétation des auteurs est que cette absence de différence est liée à une absence de prédiction (sans prédiction, pas de surprise possible, donc pas de différence de signal), et donc qu'en associant la mort à nous-même, nous arrêtons notre système prédictif, ou au moins le diminuons fortement.

Il est assez difficile de savoir si c'est le système prédictif dans son ensemble ou une partie, et les interprétation philosophique sont complexes (prédiction ça peut vouloir tout dire) mais les résultats semblent bien tendre vers cette interprétation.

a écrit : Déjà, je remercie TybsXckZ pour cette anecdote et pour avoir mis un article scientifique en source, c'est franchement cool !


"Petite" explication pour ceux qui n'ont pas le courage de lire l'article :

Les auteurs utilisent ici un paradigme de vMMR (visual
mismatch response), c'est à dire la réponse quand on a une information qu'on n'avait pas prédit. Le principe est ici de montrer des visages, soit de la personnes elle-même, soit d'autres gens. Ce sont les standards, abrégés STD. En plus, on peut montrer n'importe quand un déviant, qui est un mélange de 50% sois, 50% autre, qu'on appelle DEV. L'idée est qu'on prédit d'avoir un STD à chaque fois, et qu'on est donc surpris quand c'est un DEV qui arrive. Avec de la magnétoencéphalographie (MEG), on peut enregistrer les signaux dans le cerveau avec une grande précision temporelle qui permet de voir qu'à un certain moment (environ 250-300 ms après avoir vu le visage), ily a une grande différence de signal entre un STD et un DEV. Cette différence est en général interprété comme un erreur prédictive, c'est à dire une "surprise" pour une partie du cerveau qui s'attendait à autre chose.

Ils couplent ce paradigme à un "priming", c'est à dire qu'ils vont montrer pendant une seconde un mot (seul sur l'écran) au sujet avant de lui montrer l'image. Ce mot peut soit être lié à la mort (ex : mort, tombe), soit être négatif (ex : voleur, mauvais(je donne des exemples comme ça)), soit neutre.

En plus, une image avec des lunettes de soleil pouvait arriver n'importe quand et les sujets devait alors cliqué sur un bouton. Bien qu'elle soit utile, pour simplifier, on peut considérer que la tâche n'était qu'une excuse pour occuper les sujets et les empecher de se concentrer sur le vrai but de l'expérience.


Les sujets passaient l'expérience avec un casque MEG.
Les résultats sont les suivants : quand on avait d'abord montré des visages STD d'autres personnes puis des DEV, il y avait, comme attendu, un MMR, c'ets à dire une différence sur signal MEG autour de 300ms. Cette différence était présente dans tous les cas, et ne changeait pas significativement s'il était primer par des mots négatifs ou des mots liés à la mort.
Quand en revanche on a montré des visages STD du sujet puis des DEV, si les sujets étaient primé par un mot lié à la mort, il n'y avait pas de différence de signal, pas de MMR. En plus, cette différence réapparaissait quand le priming était simplement négatif, montrant donc que ca n'est pas le problème d'avoir des images de sois, mais bien l'association "sois+mort" qui empêche la surprise lié à un déviant.

Il y a donc une différence de signal, qu'on relie à une surprise liée à une mauvaise prédiction, sauf dans le cas où l'on associe une image de sois et un mot lié à la mort. L'interprétation des auteurs est que cette absence de différence est liée à une absence de prédiction (sans prédiction, pas de surprise possible, donc pas de différence de signal), et donc qu'en associant la mort à nous-même, nous arrêtons notre système prédictif, ou au moins le diminuons fortement.

Il est assez difficile de savoir si c'est le système prédictif dans son ensemble ou une partie, et les interprétation philosophique sont complexes (prédiction ça peut vouloir tout dire) mais les résultats semblent bien tendre vers cette interprétation.
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Merci à toi pour les explications complètes bien plus limpides que la seule anecdote en 300 caractères.
Je suis d'accord avec le côté "subjectif" de l'interprétation des résultats mais ils sont suffisamment notable pour y interpréter un mécanisme cérébral. Les auteurs de l'étude l’interprètent comme un phénomène "d'autoprotection" contre la peur de la mort (dans son côté inéluctable et connu de tous). Pourquoi pas.
Il est bien entendu nécessaire de faire la dichotomie avec la peur de la mort imminente qui elle est liée à un mécanisme de survie.

a écrit : Déjà, je remercie TybsXckZ pour cette anecdote et pour avoir mis un article scientifique en source, c'est franchement cool !


"Petite" explication pour ceux qui n'ont pas le courage de lire l'article :

Les auteurs utilisent ici un paradigme de vMMR (visual
mismatch response), c'est à dire la réponse quand on a une information qu'on n'avait pas prédit. Le principe est ici de montrer des visages, soit de la personnes elle-même, soit d'autres gens. Ce sont les standards, abrégés STD. En plus, on peut montrer n'importe quand un déviant, qui est un mélange de 50% sois, 50% autre, qu'on appelle DEV. L'idée est qu'on prédit d'avoir un STD à chaque fois, et qu'on est donc surpris quand c'est un DEV qui arrive. Avec de la magnétoencéphalographie (MEG), on peut enregistrer les signaux dans le cerveau avec une grande précision temporelle qui permet de voir qu'à un certain moment (environ 250-300 ms après avoir vu le visage), ily a une grande différence de signal entre un STD et un DEV. Cette différence est en général interprété comme un erreur prédictive, c'est à dire une "surprise" pour une partie du cerveau qui s'attendait à autre chose.

Ils couplent ce paradigme à un "priming", c'est à dire qu'ils vont montrer pendant une seconde un mot (seul sur l'écran) au sujet avant de lui montrer l'image. Ce mot peut soit être lié à la mort (ex : mort, tombe), soit être négatif (ex : voleur, mauvais(je donne des exemples comme ça)), soit neutre.

En plus, une image avec des lunettes de soleil pouvait arriver n'importe quand et les sujets devait alors cliqué sur un bouton. Bien qu'elle soit utile, pour simplifier, on peut considérer que la tâche n'était qu'une excuse pour occuper les sujets et les empecher de se concentrer sur le vrai but de l'expérience.


Les sujets passaient l'expérience avec un casque MEG.
Les résultats sont les suivants : quand on avait d'abord montré des visages STD d'autres personnes puis des DEV, il y avait, comme attendu, un MMR, c'ets à dire une différence sur signal MEG autour de 300ms. Cette différence était présente dans tous les cas, et ne changeait pas significativement s'il était primer par des mots négatifs ou des mots liés à la mort.
Quand en revanche on a montré des visages STD du sujet puis des DEV, si les sujets étaient primé par un mot lié à la mort, il n'y avait pas de différence de signal, pas de MMR. En plus, cette différence réapparaissait quand le priming était simplement négatif, montrant donc que ca n'est pas le problème d'avoir des images de sois, mais bien l'association "sois+mort" qui empêche la surprise lié à un déviant.

Il y a donc une différence de signal, qu'on relie à une surprise liée à une mauvaise prédiction, sauf dans le cas où l'on associe une image de sois et un mot lié à la mort. L'interprétation des auteurs est que cette absence de différence est liée à une absence de prédiction (sans prédiction, pas de surprise possible, donc pas de différence de signal), et donc qu'en associant la mort à nous-même, nous arrêtons notre système prédictif, ou au moins le diminuons fortement.

Il est assez difficile de savoir si c'est le système prédictif dans son ensemble ou une partie, et les interprétation philosophique sont complexes (prédiction ça peut vouloir tout dire) mais les résultats semblent bien tendre vers cette interprétation.
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Vu la taille du commentaire, autant lire l'article... XD

a écrit : Merci à toi pour les explications complètes bien plus limpides que la seule anecdote en 300 caractères.
Je suis d'accord avec le côté "subjectif" de l'interprétation des résultats mais ils sont suffisamment notable pour y interpréter un mécanisme cérébral. Les auteurs de l'étude l’interp
rètent comme un phénomène "d'autoprotection" contre la peur de la mort (dans son côté inéluctable et connu de tous). Pourquoi pas.
Il est bien entendu nécessaire de faire la dichotomie avec la peur de la mort imminente qui elle est liée à un mécanisme de survie.
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Bah toute interprétation est nécessairement subjective, et celle la m'a l'air plutôt vraisemblable. Après, ça ouvre la voie pour d'autres analyse pour affiner cette interprétation, et ça m'a l'air intéressant à suivre !

La peur de la mort est un mécanisme involontaire de défense que je pensai universel. Il y a celle face a un danger immédiat et celle a échéance qui entraine des angoisses. Ceux qui en sont dépourvu ont tendance à s’être raréfié à cause de la sélection naturelle, étant donné que nous ne sommes pas des super-prédateurs. L'homme y a répondu par la spiritualité dont les croyances religieuses font parti. La religion étant le lien des hommes avec l'au delà (religare).

Je me permets une interprétation philosophique qui expliquerait le fait qu'on ne peut pas associer l'idée la mort à celle de soi-même.

Comme le disaient les philosophes antiques, et notamment Épicure, la mort n'est rien pour nous. Si je suis vivant, la mort n'est pas là, et si je suis mort, je ne suis plus là pour la penser. On ne peut donc jamais expérimenter la mort.
Et même quand c'est autrui qui meurt, je n'expérimente pas la mort, j'expérimente la disparition comme l'explique Heidegger. Je vis la mort sur le mode de la survivance. "Je" suis là, "il" n'est plus là, "je" suis ici, "il" est ailleurs.
Je peux facilement constater l'absence de l'autre, mais il m'est impossible de constater ma propre absence car je dois être là pour constater.
La mort, ce ne plus être, or je dois être pour expérimenter, pour concevoir.

Il est donc normal que le cerveau ne puisse cocevoir son impossibilité à penser. Parce que là encore, il penserait.

Malgré le commentaire explicatif sous l’anecdote, je n’ai pas compris. On ne peut pas visualiser sa mort, ou y penser ? Alors que celle des autres si ?
Je veux dire, je clique sur le lien et je lis ça: « The brain does not accept that death is related to us [...] ». Sans vouloir me la jouer « esprit rebelle », j’imagine tout à fait ma mort, je l’accepte et je n’envisage pas que ça ne touche qu’autrui, je vis avec le fait que je peux mourrir de n’importe quoi chaque jour. Je ne pense pas être une minorité. Du coup je comprends pas l’anecdote, sincèrement. Pour aller plus loin, je me suis déjà imaginée mourir de plusieurs façons quand j’étais en danger au cours de ma vie en me disant « bon bah voilà, je vais finir comme ça, quelle merde ». Je sais qu’on ne doit pas faire de son cas une généralité, mais j’ai du mal à croire que je suis la seule à penser ainsi et à ne pas « se protéger de toute pensée de mort », au contraire, ça me maintient et ça me fait vivre dans le présent, beaucoup plus que si j’élucidais ce fait...

a écrit : Malgré le commentaire explicatif sous l’anecdote, je n’ai pas compris. On ne peut pas visualiser sa mort, ou y penser ? Alors que celle des autres si ?
Je veux dire, je clique sur le lien et je lis ça: « The brain does not accept that death is related to us [...] ». Sans vouloir me la jouer « esprit rebelle », j’
imagine tout à fait ma mort, je l’accepte et je n’envisage pas que ça ne touche qu’autrui, je vis avec le fait que je peux mourrir de n’importe quoi chaque jour. Je ne pense pas être une minorité. Du coup je comprends pas l’anecdote, sincèrement. Pour aller plus loin, je me suis déjà imaginée mourir de plusieurs façons quand j’étais en danger au cours de ma vie en me disant « bon bah voilà, je vais finir comme ça, quelle merde ». Je sais qu’on ne doit pas faire de son cas une généralité, mais j’ai du mal à croire que je suis la seule à penser ainsi et à ne pas « se protéger de toute pensée de mort », au contraire, ça me maintient et ça me fait vivre dans le présent, beaucoup plus que si j’élucidais ce fait... Afficher tout
En gros, on peut voir l'article dont est issue l'anecdote comme ca (je force le trait parce que c'est plus subtile) : le système de prédiction instinctif du cerveau est coupé quand il s'agit d'associer la mort avec sois-même. Quand on voit des choses liées à la mort puis sois, on ne prédit plus particulièrement ce qu'il va se passer ensuite (alors qu'on le fait normalement quand c'est lié aux autres ou quand c'est lié à nous mais pas à la mort). Le fait qu'on n'ait plus cette surprise de mauvaise prédiction tendrait à montrer qu'on ne prédit plus, donc que le système instinctif de prédiction "se bloque" dans cette configuration.
Du coup, on parle bien de "prédiction instinctive", ce qui ne veut pas dire qu'on est incapable de consciemment faire l'association.

Par contre, on pourrait argumenter comme l'a très justement fait NOmatters, sur l'aspect philosophique de ce concept : on peut imaginer une situation qui emmène à la mort, mais elle est différente de la mort elle-même, qui semble par définition impossible à vraiment se représenter. Mais c'est un autre débat !

Je ne crois pas que « la peur de la mort » existe. Nous ne pouvons avoir peur que de ce que nous ne connaissons.. la douleur la souffrance le chagrin etc ce sont bien de ces altérations (pouvant nous mener à la mort) dont nous avons peur, peur qui donc nous protège de notre fin. L’étude ne vise donc pas vraiment à prouver notre peur de la mort mais tend à démontrer que le concept de mort n’existe pas dans notre esprit.

a écrit : Je ne crois pas que « la peur de la mort » existe. Nous ne pouvons avoir peur que de ce que nous ne connaissons.. la douleur la souffrance le chagrin etc ce sont bien de ces altérations (pouvant nous mener à la mort) dont nous avons peur, peur qui donc nous protège de notre fin. L’étude ne vise donc pas vraiment à prouver notre peur de la mort mais tend à démontrer que le concept de mort n’existe pas dans notre esprit. Afficher tout On a quand même une expérience forte de la mort d'autrui...
En plus, l'article montre justement qu'il y a un effet précis qui se produit quand on associe "mort" avec "sois" (alors que l'effet n'existe pas quand c'est "mort"+"autres", cet effet pouvant être interprété comme un arrêt du système prédictif inconscient du cerveau.
Si ca ne montre pas la peur de sa propre mort, ça montre au moins qu'il se passe quelque chose dans notre esprit en lien, et donc qu'on a bien un concept associé.

a écrit : Je ne crois pas que « la peur de la mort » existe. Nous ne pouvons avoir peur que de ce que nous ne connaissons.. la douleur la souffrance le chagrin etc ce sont bien de ces altérations (pouvant nous mener à la mort) dont nous avons peur, peur qui donc nous protège de notre fin. L’étude ne vise donc pas vraiment à prouver notre peur de la mort mais tend à démontrer que le concept de mort n’existe pas dans notre esprit. Afficher tout Je pense toutefois que cette peur doit apparaître quand on se sait mourant.
Si demain j'apprends être atteint d'un cancer et qu'il ne me reste que 3 mois à vivre, je pense que je flipperai...

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Maintenant que je peux enfin me connecter, j'aimerai faire part d'une anecdote m'ayant touché de près. Il y a bientôt 5 ans, enceinte de 6 mois, j'ai perdu mon père d'un cancer généralisé. Il était malade, sans doute depuis plusieurs mois ou années et n'en avait parlé à personne. Lors de sa 3ème hospitalisation "suspecte", ma soeur et moi avons rencontré le professeur qui s'était occupé de lui à l'hôpital. Ce dernier nous a dit "votre père est condamné et il le sait depuis longtemps, non il ne guérira pas". Je lui ai dit "mais personne n'est au courant, il nous a dit qu'il va bien, comment peut-il vivre avec une telle nouvelle sur la conscience ?". Il m'a répondu que face à ce genre d'annonce, le cerveau se "déconnecte" car c'est impossible à "normalement". Onze jours après cet entretien, mon père est décédé. Et je me suis demandée longtemps comment il avait pu tenir le coup moralement tout ce temps sans en parler à ses proches, famille, amis etc. Je pense qu'il ne voulait pas nous blesser ou nous faire de la peine. Il avait peut-être peur que je perde mon bébé. De plus ma 2ème nièce n'avait que 6 mois à l'époque, c'était encore beaucoup de travail pour ma soeur. Il a voulu nous épargner. Ça a été difficile à comprendre et à pardonner mais il avait ses raisons.

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